Scène 1
Au commissariat de police
Josette Lascaut : C'est à cette heure-ci que vous venez?
Roland Pichet : Mais il n'est que huit heures dix, Madame le commissaire.
Raymond Zitron : Et on fait des heures supplémentaires tout le temps à la police.
Josette Lascaut : ... pour lesquelles, on vous paye bien. Où vous en êtes avec votre dossier Hermes, Monsieur Pichet?
Roland Pichet : Je fais des progrès, mais il faut que je contrôle encore les alibis de Marc Müller et de Miguel Dos Santos.
Josette Lascaut : Et vous Monsieur Zitron?
Raymond Zitron : Monsieur Zitron va d'abord ôter son manteau. Dans l'affaire Bosch, je... (Le téléphone sonne.) Téléphone!
Josette Lascaut : Eh bien,décrochez!
Raymond Zitron : Toujours les mêmes. (Il décroche.) Police judiciaire, bureau de madame le commissaire Lascaut. Oui ... Oui ... Où ça? ... Dans les casemates! D'accord on arrive tout de suite. (Il raccroche.) On a du travail: Meurtre dans les casemates.
Josette Lascaut : Place de la Constitution?
Raymond Zitron : Je suppose. C'est la seule entrée possible vers les casemates pour le public.
Roland Pichet : Allons-y!
Scène 2
A l'entrée des casemates
(Des badauds, des agents de police, des secouristes, des journalistes et des reporters.)
Josette Lascaut : Commandant Tirebouchon, faites évacuer la place, sauf les témoins, évidemment! Dites à vos agents de repérer les témoins. Notez leurs noms, adresses, le nom de leur hôtel, éventuellement. Attention, il y a certainement beaucoup de touristes étrangers. Interrogez ceux qui vont quitter le pays en premier lieu. Dites aux journalistes de se patienter un peu. Nous faisons d'abord notre travail, puis nous leur donnons tous les renseignements possibles. Dites leur que ça va durer deux ou trois heures. Ils n'ont pas besoin d'attendre, nous allons les contacter. (À Pichet et à Zitron:) Allez, on descend dans les casemates.
Scène 3
Au commissariat
Josette Lascaut : Messieurs, je vous ai découpé deux articles sur la mort de Suzanne Lamouche. L'un dans le "Luxemburger Wort", l'autre dans le "Républicain Lorrain". Les voilà.
Suzanne Lamouche, tuée dans les casemates! Hier après-midi, un drame horrible a eu lieu dans les casemates. Suzanne Lamouche, un célèbre top-modèle américain, a été tué à larme blanche dans les casemates où elle sétait mêlée à un groupe de touristes. Suzanne Lamouche était ici au Luxembourg pour participer à un talk-show sur RTL. L'émission aurait dû être enregistrée hier soir. Juste avant son meurtre, elle aurait eu une dispute avec Tom Fine, son partenaire de vie sur une terrasse de 1a place d'Armes. Il y aurait eu beaucoup de témoins de cette dispute. Suzanne Lamouche est née le 14 mars 1975 à Los Angeles. Elle était strip-teaseuse à L.A. avant devenir mannequin. Son image se retrouve sur les couvertures des magazines pour femmes, dans la publicité, sur les affiches, dans les spots de télévision, au cinéma Suzanne est devenue une femme très célèbre. La police na jusquà présent aucune trace de lassassin ni du motif de cet assassinat horrible. Elle lance un appel aux témoins. -M.S.- |
Meurtre dans les casemates Hier, une grande star, connue dans le monde entier, a été tuée au couteau. Le meurtre sest passé dans les casemates de Luxembourg. La victime est Suzanne Lamouche, âgée de 22 ans. Elle est rentrée dans les casemates avec un groupe de touristes pour ne plus en sortir vivante. Suzanne était en tournée en Europe. Elle est venue à Luxembourg, invitée par RTL. Hier soir, elle aurait dû participer à un talk-show. Selon le témoignage dun garçon de café de la place dArmes, elle aurait eu, sur la terrasse même une dispute avec Tom Fine, son amant, juste avant sa mort. Suzanne Lamouche est née à Los Angeles le 14 mars 1975. Elle est franco-americaine. Elle est la fille dun père français et dune mère américaine. Lamouche est devenue une star célèbre dans le monde du show-business et de la publicité. Son image fait la une des magazines pour femmes, et elle est présente dans la publicité, sur les affiches, dans des spots à la télévision et au cinéma. |
Josette Lascaut : Comme d'habitude les journaux en savent plus que nous. Il paraît qu'il y a eu une dispute entre Suzanne Lamouche et ce Tom Fine. Monsieur Pichet, vous allez vérifier, si c'est correct. Et après prévenez-moi tout de suite.
Roland Pichet : D'accord j'y vais, et dès que j'aurai des nouvelles, je vous préviens.
Josette Lascaut : (Le téléphone sonne.) Allô, commissaire Lascaut à lappareil. Le manager de lhôtel Royal? de Suzanne Lamouche ... Oui, vous avez bien lu, elle est morte. Elle a logé chez vous? ... Et on a cambriolé sa suite?... Fouillé les bagages? ... Ne touchez à rien. Je vous envoie tout de suite un agent. Merci de votre collaboration. Au revoir ! Ah, encore une question : Vous ne savez pas doù elle vient ? DAmsterdam ? Hôtel Krasnapolsky ? Parfait. Merci. (Elle raccroche le téléphone.)
Josette Lascaut : Zitron, allez voir ce qui s'est passé dans la suite de Suzanne Lamouche. Il paraît qu'elle a eu de la visite.
Josette Lascaut : (On frappe à la porte.) Entrez!
Agent : Commissaire, il y a un monsieur japonais qui aimerait vous parler.
Josette Lascaut : Faites le entrer!
Agent : Monsieur, entrez!
Josette Lascaut : Bonjour Monsieur.
Japonais : Bonjour Madame le commissaire. Moi, pas très bien parler. Regardez journal ... photo Lamouche ... morte? ... assassinée?
Josette Lascaut : Oui, vous avez bien compris.
Japonais : Dommage ... belle fille.
Josette Lascaut : Vous connaissez Suzanne Lamouche?
Japonais : Oui, oui! télévision japonaise, journaux japonais, cinéma
Josette Lascaut : Oui, elle est connue dans le monde entier. Mais lavez-vous vue ici, à Luxembourg ?
Japonais : Si, si place dArmes Lamouche fâchée dispute
Josette Lascaut : Oui, oui, on sait. Vous étiez aussi dans les casemates?
Japonais : Oui, Lamouche casemates, moi, casemates.
Josette Lascaut : Vous avez vu quelque chose ? Le meurtrier peut-être ?
Japonais : Non, pas moi meurtrier !
Josette Lascaut : Non, non, rassurez-vous, vous nêtes pas le meurtrier. Avez-vous vu le meurtrier ? Vu ?
Japonais : Vu ? Non, pas vu, pas vu. Mais photos de Suzanne Lamouche. Beaucoup photos. Lamouche, belle fille. Voilà.
(Il sort des photos, quil a faites de Lamouche.)
Josette Lascaut : Vous ne pouviez pas le dire plus tôt?
Japonais : Pardon ?
Josette Lascaut : Non, rien. Effectivement. Formidable.
Japonais : Oui, Lamouche formidable. Belle fille beaucoup photos : Lamouche cathédrale, Lamouche café, Lamouche rue, Lamouche grand pont, Lamouche casemates.
Josette Lascaut : Si, jai compris : vous êtes un fan de Lamouche.
Japonais : Oh oui, Lamouche belle fille.
Josette Lascaut : Je garde vos photos. Tenez, je vous donne un coupon. Vous irez à la caisse, en bas, au rez-de-chaussée. On vous remboursera le prix des photos. Monsieur lagent vous accompagne. Merci beaucoup et beau séjour à Luxembourg.
Japonais : Mais, mes photos ?
Agent : Venez, monsieur ! Photos argent en bas rez-de-chaussée. Venez !
Japonais : Au revoir !
Josette Lascaut : Merci beaucoup, au revoir !
Josette Lascaut : ( téléphone.) Est-ce que c'est bien la police dAmsterdam? Commissaire Josette Lascaut de la police judiciaire de Luxembourg à lappareil. Je vous appelle à propos de Suzanne Lamouche, le célèbre mannequin. Non, elle a été assassinée Non, ici, chez nous, à Luxembourg Oh oui, cest dommage, cest toujours dommage oui oui Pourriez vous nous fournir des renseignements sur elle ? Elle vient dAmsterdam où elle était descendue à lhôtel Krasnapolsky. Oui, tout : où elle allait dîner, si elle était accompagnée, avec qui elle a eu des contacts, etc., tout. Je vous fais un fax avec toutes les questions intéressantes Merci d'avance. Au revoir.
Scène 4
À la terrasse du Café de Paris à la Place d'Armes
Roland Pichet : Pichet, police. Bonjour. Étiez-vous ici, hier après-midi, entre 13 heures et 15 heures?
Michel Banquier : Oui.
Roland Pichet : Dites-moi votre nom, prénom et adresse, s'il vous plaît .
Michel Banquier : Je m'appelle Michel Banquier et je ...
Roland Pichet : Une seconde. Vous vous appelez Michel B-A-N-QU-I-E-R. Mais vous n'êtes pas banquier!
Michel Banquier : Malheureusement, non! Comme vous le voyez: je ne suis qu'un pauvre garçon de terrasse.
Roland Pichet : Adresse?
Michel Banquier : 17, rue Klensch à Bettembourg.
Roland Pichet : Connaissez-vous cette personne?
Michel Banquier : Oui, je m'en doutais. Avec ce qui s'est passé. La pauvre. C'est Suzanne Lamouche. Je la connais de la télé, de la pub, des journaux ... Hier après-midi nous avions l'honneur de l'accueillir ici, sur la terrasse de notre café. Elle était assise à cette table-là, en compagnie d'un jeune homme, peu sympathique, d'ailleurs. Entre les deux régnait une atmosphère lourde. J'ai pris les commandes et lorsque je suis revenu avec le plateau plein de boissons, Lamouche a donné un papier au type. Il y a jeté un coup dil et puis il l'a lancé, furieux, devant elle, sur la table. Le type a levé la voix, a crié, gesticulé, menacé. Lamouche a essayé de s'enfuir, mais l'homme l'a retenue. Elle voulait se libérer de son emprise, a sursauté et ... renversé mon plateau. Elle est partie en courant, et avec un de ses sacs, a touché une dame à la jambe. Et vous savez ? En renversant mon plateau, elle a bousillé le pantalon du mari de la dame. En fait, elle portait deux sacs
Roland Pichet : Deux? Vous en êtes sûr? Nous navons trouvé quun petit sac à main à côté du corps.
Michel Banquier : Non, non. Elle portait bien deux sacs, un sac à main pour dames, tout petit, et un grand sac en toile dans lequel se trouvait quelque chose de lourd. C'est avec ce sac qu'elle a cogné la dame si fort qu'elle a eu un bleu à la jambe. Les clients peuvent vous le confirmer. Ils sont descendus chez nous, à l'hôtel, chambre 28. D'ailleurs j'ai porté le pantalon de monsieur au Cinq à Sec.
Roland Pichet : Qu'a fait le compagnon de Lamouche?
Michel Banquier : Il a payé la note en vitesse, puis il a suivi Lamouche d'un pas rapide.
Roland Pichet : Merci pour les renseignements. Je vais préparer votre déposition et je vous l'apporte au restaurant pour la signer. Comme ça vous n'avez pas besoin de venir au bureau.
Michel Banquier : Merci.
Roland Pichet : Allez. Au revoir.
Scène 5
À lHôtel Royal
Raymond Zitron : Zitron, police! Je peux parler au manager?
Portier : Bien sûr, venez avec moi! (Ils traversent un long couloir, puis le portier frappe à une porte.)
Manager : Oui?
Portier : Un monsieur de la police veut vous parler!
Manager : Faites-entrer!
Raymond Zitron : (au manager) Vous êtes le manager de cet hôtel?
Manager : Oui, je suis Monsieur Potenvin Auguste, le manager de lhôtel!
Raymond Zitron : Zitron, police judiciaire. Je viens à propos de Suzanne Lamouche!
Potenvin : Allez- y!
Raymond Zitron : Quand Lamouche est descendue à cet hôtel, était-elle seule ou bien était-elle en compagnie de quelqu'un?
Potenvin : Non, elle était seule, mais on a livré énormément de bagages.
Raymond Zitron : Qui, on?
Potenvin : Une entreprise de taxi. Lamouche vient d'ailleurs d'Amsterdam où elle habitait à l'hôtel Krasnapolsky, je le sais parce que l'hôtel Krasnapolsky a fait la réservation chez nous.
Raymond Zitron : Est-ce qu'il y a quelque chose d'anormal qui s'est passée ces derniers jours?
Potenvin : Oh oui! La suite de Lamouche a été cambriolée. Je lui avais proposé de porter plainte à la police, mais elle a refusé.
Raymond Zitron : (s'étonne) Ah tiens, pourquoi donc?
Potenvin : On ne lui aurait rien volé!
Raymond Zitron : Rien volé?
Potenvin : Son coffre-fort était fermé. Quelques valises seulement avaient été fouillées, mais elle a affirmé que rien n'avait été pris dans ses bagages. D'ailleurs les "visiteurs" n'avaient pas ouvert toutes les valises. Peut-être que quelquun les avait dérangés.
Raymond Zitron : Est-ce que quelqu'un a visité Suzanne Lamouche ces derniers jours?
Potenvin : Oui, un certain Maître Pierre-Henri Lefranc l'a visitée.
Raymond Zitron : Qui est ce Maître Pierre-Henri Lefranc?
Potenvin : C'est un avocat qui travaille pour RTL. Mais il y avait aussi un américain qui voulait savoir si Lamouche habite dans notre hôtel. Évidemment, nous ne lui avons fourni aucun renseignement.
Raymond Zitron : Merci, pour les informations, ça va nous aider beaucoup. Je vais sceller la suite de Lamouche. Des spécialistes viendront prélever les empreintes et enlever les bagages pour les fouiller. Puis vous pouvez disposer de nouveau de la suite.
Potenvin : Bien, Monsieur.
Scène 6
Au commissariat
Josette Lascaut : J'ai eu une réponse d'Amsterdam. Ils sont rapides, ceux - là. Bon travail. Suzanne Lamouche et notre américain se sont déjà disputés à Amsterdam. Il sappelle dailleurs Tom Fine. Cela confirme ce que nous avons lu dans les journaux. Il est l'amant de Suzanne Lamouche et son manager. Il paraît qu'il y a eu de la casse à l'hôtel Krasnapolsky. Ils ont brisé un miroir, un vase, le lavabo, des flacons de parfum, des verres et une cruche.
Roland Pichet : Ils se sont donc déjà disputés à Amsterdam.
Josette Lascaut : Et comment ! Le service d'étage les aurait entendus crier. C'est comme ça qu'on a eu les témoignages. Suzanne serait sortie brusquement et aurait claqué la porte. Plus tard, Fine serait sorti aussi. Le soir, quand il est rentré, Lamouche était partie avec tous ses bagages. Elle aurait défendu aux gens de la réception du Krasnapolsky de fournir tout renseignement à Fine.
Roland Pichet : Il faudra trouver ce Fine.
Raymond Zitron : C'est aussi mon avis !
Josette Lascaut : (Prend les photos du japonais et les regarde attentivement.) Hé ! vous voyez ce que je vois? Regardez cet homme: il a les yeux fixés sur Suzanne Lamouche sur presque toutes les photos.
Raymond Zitron : Vous avez raison! Il semble beaucoup s'intéresser à Lamouche. Voyez comment il la regarde. Il l'a à l'oeil sur presque toutes les photos.
Roland Pichet : C'est très suspect. J'ai aussi l'impression que celui-là, c'est notre homme.
Josette Lascaut : En tout cas il faut suivre cette piste. Bon. Vous savez ce qu'on va faire ? Pichet, vous allez me digitaliser la photo de ce type, vous allez m'agrandir son visage et puis vous allez faire en sorte qu'il soit diffusé sur toutes les chaînes de télévision et dans tous les journaux de la région. Comprenez bien: dans toute la région, la Lorraine, ici, au Luxembourg, dans la Province de Luxembourg et dans la région de Trèves. Dépêchez-vous que ça soit encore ce soir dans les journaux télévisés et dans la presse écrite. Zitron, contactez les sections de recherche des polices française et allemande. Passez-leur tous nos renseignements.
Raymond Zitron : D 'accord.
Scène 7
Au commissariat
Josette Lascaut : On a réussi à passer les avis de recherche de notre suspect numéro un?
Roland Pichet : Oui, ils ont montré l'avis de recherche sur les différentes chaînes de télévision de RTL: RTL9, RTLTVI, RTL2 et à la radio luxembourgoise. J'ai apporté les avis de recherche qui ont été publié dans deux des journaux, le Républicain Lorrain et le Luxemburger Wort. Voilà.
Josette Lascaut : J'ai ici la déposition de M. Gourmand et de son épouse. Vous savez les touristes français assis à côté de Lamouche sur la terrasse du Café de Paris. Jetez-y un coup d'oeil, si vous voulez ... (Elle leur donne la déposition.) Ils confirment ce que le garçon du Paris nous a dit. Ils déclarent qu'à cause de Lamouche et de cet américain, Madame Gourmand a eu un bleu sur la jambe et que le pantalon de Monsieur a été sali.
Josette Lascaut : Et vous Monsieur Zitron?
Raymond Zitron : J'ai les déclarations et les adresses de la plupart des visiteurs des casesmates: Premièrement, quelqu'un aurait abordé Lamouche, qui l'aurait repoussé violemment. Elle aurait crié: " Laisse-moi en paix. Non, mais regarde-toi dans le miroir, pauvre type! " Ensuite ce quelqu'un serait parti confus, mais il serait revenu vers la fin de la visite. Puis cette personne se serait frayé un chemin à travers la foule pour rejoindre Lamouche, qui était à l'arrière du groupe.
Josette Lascaut : Qui prétend que Lamouche a été à l'arrière du groupe?
Raymond Zitron : La guide, une jeune étudiante. Elle est formelle. Alors notre suspect aurait couru, affolé, vers la sortie en bousculant les autres touristes.
Josette Lascaut : Vous devez absolument montrer la photo de ce suspect au guide et à tous le autres témoins. Peut-être que c'est bien notre homme. (Coup de téléphone. Josette Lascaut décroche :) Commissaire Lascaut à l'appareil. Bonjour commissaire .... Ah bon, un suspect , dans notre affaire? A Hagondange? Oui, à Metz ... J'arrive tout de suite. Merci. (Elle raccroche.) C'était le commissaire Fritz de Metz. Notre suspect habiterait à Hagondange. Je suis invitée à participer à son arrestation. Il faut que je parte à l'instant même, prévenez le juge. (Elle part.)
Raymond Zitron : Entretemps, nous dépouillerons les bagages de la victime.
Josette Lascaut : C'est ça.
Scène 8
Dans la voiture du commissaire Fritz, puis dans l'appartement de Legrincheux
Fritz : Notre homme s'appelle Hubert Legrincheux, 1,79 m, cheveux roux. Particularités : oreilles décollées, pomme d'Adam bien visible, lèvres charnues. Mais pourquoi je vous raconte tout ça? J'ai sa photo : Voilà. (Il décroche le téléphone.) J'appelle la voiture qui nous suit. Il faut qu'ils soient prudents. Madame Lascaut et moi, allons monter dans l'appartement de Legrincheux. Soyez vigilants! Ayez à l'oeil les sorties de l'immeuble.
Josette Lascaut : (Devant l'appartement de Legrincheux.) Voilà de l'eau qui coule sous la porte de l'appartement. Qu'est-ce qu'on fait?
Fritz : Police! Ouvrez! ... Je crois qu'on va devoir entrer par la force. (Fritz sort de sa poche des passe-partout et ouvre la porte de l'appartement de Legrincheux.)
On va se séparer. Vous allez à gauche, moi à droite.
Josette Lascaut : Fritz, Fritz venez vite! Il est dans la baignoire ... et ... mon dieu! J'appelle vos collègues.
Fritz : Il s'est ouvert les veines! Je vais avertir le SAMU et les autres. (Il téléphone:)
SAMU? Commissaire Fritz de la police judiciaire. Venez vite. Adresse: 113, rue de la Moselle, premier étage, appartement numéro 3, à Hagondange. Dépêchez-vous, c'est urgent.
Les agents: (accourent et entrent dans la salle de bain.) Nous voilà! Bon sang! Il est mort?
Josette Lascaut : Non.
Fritz : Sortez le de la baignoire! Heureusement que sa tête n'était pas sous l'eau. Bandagez-lui bien fort les bras avec ceci pour qu'il ne perde plus de sang.
Les agents : Oui, chef.
Josette Lascaut : Il n'est pas mort, il a eu de la chance. J'espère qu'il s'en sortira.
Fritz : Oui c'est vrai, il aurait pu se noyer ou se vider de son sang.
(Le médecin et les ambulanciers arrivent.)
Le médecin : Prêt pour la transfusion. Allons-y! Vite! (Premiers secours.) On va devoir l'emmener à l'hôpital. Dépêchons-nous! (On sort Legrincheux.)
Fritz : (Dans la chambre à coucher de Legnincheux.) Quel bordel! Regardez-moi ça. Je crois que c'est votre homme, Madame Lascaut! Voilà les preuves : Des photos de Lamouche et dune autre femme noire affichées sur tous les murs de sa chambre à coucher.
Josette Lascaut : Tiens, voilà un vide sur le mur. Il manque une photo.
Fritz : Tenez! Voici ce que vous cherchez : une photo de Lamouche déchirée en mille morceaux.
Josette Lascaut : Comme s'il l'avait tuée une deuxième fois. Une fois ici, dans son appartement, et une fois dans les casemates.
Fritz : Il faut trouver cette deuxième femme noire. C'est peut-être son épouse.
Josette Lascaut : C'est possible. Regardez, il y a une petite fille avec cette femme sur une des photos.
Fritz : Regardez ce que je viens de trouver: une cravate et un pantalon pleins de sang. Est-ce son sang ou celui de Lamouche? On va porter ça au laboratoire pour faire faire des analyses. Moi, je parie que c'est lui le meurtrier.
Scène 9
Au commissariat de police à Luxembourg
Josette Lascaut : Tout me semble un peu trop simple, un peu trop évident: la cravate trempée de sang, le pantalon, les photos. Pourquoi il n'a pas fait disparaître le corps du délit? Il a eu assez de temps. Je ne suis pas sûre d'avoir trouvé le coupable.
Roland Pichet : Vous croyez?
Raymond Zitron : Oui, j'ai aussi cette impression.
Josette Lascaut : Bon, laissons cela maintenant. Quels sont les résultats du dépouillement des bagages de Lamouche ?
Roland Pichet : Eh bien, voilà. Dans le coffre-fort de Lamouche, on a trouvé des papiers très intéressants : il y avait un fax par lequel Lamouche a annulé l'assurance vie qu'elle avait faite en faveur de Tom Fine.
Raymond Zitron : Fine, son amant? Celui qui a tout cassé à l'hotel Krasnapolsky à Amsterdam?
Roland Pichet : C'est ça!
Raymond Zitron : Et puis on a trouvé la copie d'une lettre de démission, adressée à Fine, qui était aussi le manager de Lamouche. Dans cette lettre, elle explique même le motif pour cette démission : il lui aurait volé 30.000 dollars.
Roland Pichet : Et puis nous avons fait une découverte surprenante: nos chiens ont découvert des traces de cocaïne dans une de ses valises.
Raymond Zitron : Peut-être que c'est Fine qui a trafiqué la drogue.
Roland Pichet : Ou alors ce sont Lamouche et Fine ensemble.
Josette Lascaut : Ou bien, c'est une troisième personne qui est dans le coup. En tout cas, nous devons trouver Fine. Messieurs, vous allez me le rechercher dans tous les hôtels de la région.
Scène 10
Hôpitaux de Metz
Fritz : Bonjour.
Josette Lascaut : Bonjour Monsieur Legrincheux.
Legrincheux : Bonjour Madame, bonjour Monsieur linspecteur.
Josette Lascaut: On vient vous interroger à propos de la mort de Suzanne Lamouche. Dites-moi : Comment avez-vous su que Lamouche était à Luxembourg ?
Legrincheux : Ils lavaient annoncé à la télé, depuis longtemps.
Fritz : Où étiez-vous le 14 juillet à 14 heures?
Legrincheux : Eh bien, oui, jétais dans les casemates, à Luxembourg. Mais je nai pas tué Lamouche.
Josette Lascaut : Comment saviez quelle était dans les casemates ?
Legrincheux : Jétais chez RTL pour avoir un billet dentrée pour suivre le talk-show avec Lamouche en direct, mais ils mont dit quil ny avait plus de billet. Alors jai demandé si Lamouche ne donnait pas dautographe et ils mont dit quen tout cas pas chez eux ; que je devrais tenter ma chance à lHôtel Royal, où elle était descendue. Alors je voulais aller à lhôtel, mais comme par hasard, je lai rencontrée sur la Place dArmes par où je passais. Elle avait une dispute avec son type. Je le connais. Jai lu des articles sur lui. Alors jai suivi Lamouche. Je ne savais comment laborder, parce quil y avait ce type qui lavait rejointe. Alors, dans les casemates, comme laméricain lavait quittée, jai osé: je lai approchée, mais elle ma chassé.
Josette Lascaut : (Elle montre la cravate trempée de sang.) Cest à vous?
Legrincheux : Oui, mais je ne lai pas tuée.
Fritz : Comment ça sest passé? Racontez un peu !
Legrincheux : Dans les casemates, je métais rapproché delle, je lai touchée à lépaule, rien de grave ; mais elle a crié et elle ma renvoyé. Alors je me suis éloigné delle.
Josette Lascaut : Mais il y a du sang sur votre cravate et sur votre pantalon, son sang.
Legrincheux : Mais attendez, ce nest pas encore fini. Dabord je suis parti, puis je suis revenu pour mexcuser, mais elle était déjà morte. Quand je lai vue je me suis agenouillé à côté delle ... Cétait terrible.
Fritz : Alors la cravate sest trempée dans le sang.
Legrincheux : Oui, cest juste et, là-dessus, jai pris la fuite.
Fritz : Vous navez rien remarqué de particulier.
Legrincheux : Non. Si, juste avant de retrouver Lamouche morte, jai bousculé un homme aux cheveux longs et aux moustaches tombantes. Il venait de la petite salle, où était Lamouche.
Fritz : Petite salle ?
Legrincheux : Oui, enfin, jappelle petite salle un élargissement, un recoin, dans le rocher. Normalement les casemates, cest étroit, cest comme un couloir souterrain. Alors ici, le couloir était plus large. Cétait comme une petite salle.
Josette Lascaut : Vous ne savez pas davantage de cet homme ?
Legrincheux : Il avait à peu près 1,75m, plutôt costaud et il était mal rasé.
Fritz : Cest tout?
Legrincheux : Oui je crois bien.
Lascaut et Fritz : Au revoir.
Legrincheux : Au revoir.
(En sortant, ils rencontrent le psychiatre de Legrincheux. )
Lascaut et Fritz : Bonjour.
Le psychiatre : Bonjour. On ma dit que vous étiez là. Vous êtes sans doute venus pour entendre mon diagnostic.
Fritz : Faites entendre!
Le psychiatre : Je crois, non, je suis sûr que Legrincheux est déréglé mentalement et cela depuis longtemps. Et je dirais quil est fixé sur Lamouche : elle lui rappelle sa femme. Mais ce nest pas sûr quil ait commis le crime.
Josette Lascaut : Mais ce serait possible.
Le psychiatre : Bien sûr!
Fritz : Merci pour vos renseignements.
Josette Lascaut : Au revoir, professeur.
Scène 11
Au commissariat à Luxembourg
Josette Lascaut : Alors, Monsieur Fine, il paraît que vous avez eu une dispute avec Lamouche.
Tom Fine : Rien d'important !
Roland Pichet : Et pourquoi alors avez-vous démoli le lavabo et le miroir de votre suite à l'hôtel Krasnapolsky, si c'était seulement une dispute sans importance? Et pourquoi le personnel de l'étage vous aurait entendu gueuler?
Tom Fine : Oui, mais...
Raymond Zitron : Ce n'était pas grave, votre dispute. Et pourquoi Lamouche vous a viré comme manager? Pourquoi a-t-elle changé son assurance vie en votre défaveur?
Tom Fine : Bon. Eh bien oui, je lui avais piqué de l'argent, 30 000 dollars, pas grand chose, et je voulais le lui rendre. Mais elle était furieuse pour autre chose. C'est bizarre, elle ma lancé une phrase que je n'ai toujours pas comprise. Elle a dit : " Pire que de m'avoir volé les 30 000 dollars, c'est que tu m'as tiré dans cette sale affaire. Mais vous allez voir, toi et tes sales copains." Puis elle a claqué la porte et elle est partie. Je ne l'ai plus revue et je ne pouvais plus lui demander ce qu'elle voulait dire par "sale affaire" et par "vous allez voir, toi et tes sales copains."
Josette Lascaut : Mais vous l'avez revue au Café de Paris ?
Tom Fine : Elle a boudé et je ne pouvais plus lui parler sérieusement. Plus tard elle était morte.
Josette Lascaut : Mais vous étiez aussi au Royal?
Tom Fine : Oui, je l'ai attendue pendant presque deux heures au bar. Puis, je l'ai attendue en face de l'hôtel, sur le boulevard. Quand elle est enfin sortie, je lai suivie de loin.
Raymond Zitron : De loin ?
Tom Fine : J'avais peur qu'elle ne rentre tout de suite à l'hôtel si elle me voyait. Quand elle s'est assise à la terrasse, j'ai pris place à sa table. Elle était furieuse de me voir là. D'abord elle m'a boudé. Elle ne m'a pas parlé. Quand j'ai commencé par m'excuser, elle n'a rien voulu savoir. Quand je lui ai dit que je lui rembourserais les 30 000 dollars, elle a sursauté, furibonde, et elle m'a lancé sa lettre de démission. Jy ai jeté un coup d'oeil. Puis je lui ai claqué la lettre sur la table. Et puis elle s'en est allée.
Roland Pichet : Et vous ? Quest-ce que vous avez fait ?
Tom Fine : Oh ! Pour commencer, j'ai payé l'addition, la mienne et la sienne, parce quelle était partie sans payer. Ensuite, je me suis excusé auprès du client de la table d'à côté, car Suzanne lui avait renversé le café sur le pantalon.
Raymond Zitron : Est-ce que vous avez suivi Lamouche dans les casemates?
Tom Fine : Oui, je lai suivie. Jai pris un billet dentrée, je suis même entré à lintérieur. Mais puisquil y avait trop de monde, je suis ressorti aussitôt. Je voulais lui parler tranquillement, le soir, à lhôtel. Si seulement jétais resté, elle serait toujours en vie. Demandez à la caissière si vous ne me croyez pas !
Roland Pichet : Bon, ce sera tout pour linstant. Je vous fais raccompagner, Monsieur Fine.
(Il ouvre la porte et appelle un agent. Juste avant que Fine ne sorte :)
Josette Lascaut : Monsieur Fine, encore une question : Quest-ce que Mademoiselle Lamouche portait sur elle ?
Tom Fine : Oh, je crois quelle avait une petite sacoche chic et un sac en toile.
Roland Pichet : Et quest-ce quil y avait dedans ?
Tom Fine : Je ne sais pas. Peut-être des achats, son porte-monnaie, son rouge à lèvres ; ses affaires personnelles, je ne sais pas, moi.
Josette Lascaut : Aviez-vous limpression quil y avait quelque chose de lourd dans le sac en toile ?
Tom Fine : Oui, à mon avis, oui. Oui, car elle avait cogné la jambe de la dame de la table voisine avec son sac, et ça lui a fait un bleu; cest donc quil y avait quelque chose de lourd dans son sac.
Roland Pichet : Bon. Monsieur lagent, vous pouvez y aller.
Tom Fine : Jespère que vous avez compris que ce nétait pas moi.
Roland Pichet : On verra. (Ils sortent)
Josette Lascaut : Pichet, voilà la photo de Fine. Demande à la caissière des casemates, si Fine est ressorti tout de suite comme il le prétend. Filez ! Vite !
Raymond Zitron : Tiens, voilà un fax de Fritz de Metz. Cest le protocole de linterrogatoire mené par la police de Brest, en Bretagne, avec lex-femme de Hubert Legrincheux. Selon elle, la mère de Hubert Legrincheux serait morte à sa naissance, et son père aurait passé une bonne partie de sa vie en psychiatrie. Legrincheux a été élevé par ses grands-parents. Il naurait jamais eu damis. Ensuite il aurait rencontré sa femme Catherine. Mariage, enfant, une fille, divorce parcequil était devenu insupportable : il a brutalisé sa femme et sa fille, etc.
Josette Lascaut : Oui, drôle de type, un peu fou, déçu par la vie, seul, brutal. Mais est-ce bien lui le meurtrier? Ou bien est-ce Fine ou encore une troisième personne? D'un côté, ça pourrait être Fine: Il a tout perdu, Lamouche, son amant, son poste de manager, l'assurance vie, et il aurait dû rembourser les 30 000 dollars. D'un autre côté, ça pourrait être Legrincheux, car les analyses ont montré que le sang sur la cravate et le pantalon de Legrincheux était identique au sang de Lamouche. Mais la version de Legrincheux peut être la bonne aussi: Il a bien pu s'agenouiller à côté de Lamouche déjà morte et tremper sa cravate dans son sang. Mais dans ce cas-là, qui est l'assassin ? Ça ne peut être qu'une troisième personne. Est-ce que ça pourrait être un trafiquant de drogues? Pensez aux traces de cocaïne trouvées dans la valise de Lamouche. Et puis, que signifie la phrase que Lamouche avait lancée à Fine " Pire que de m'avoir volé les 30 000 dollars, c'est que tu m'as tiré dans cette sale affaire. Mais vous allez voir, toi et tes sales copains " Est-ce que "cette sale affaire" était une affaire de drogues? Est-ce que Fine et "ses sales copains" étaient mêlés à cette affaire de drogues? Pourquoi est-ce que Lamouche les menace? Est-ce qu'on a peut-être profité de Lamouche pour transporter la cocaïne des USA vers l'Europe sans quelle ne le sache. Etait-elle la victime dun coup monté ou bien avait-elle monté le coup elle même? Est-ce qu'elle avait déjà découvert la cocaïne dans sa valise quand elle est descendue au Krasnapolsky? Etait-elle furieuse parce qu'on avait profité d'elle? Connaissait-elle l'identité des trafiquants? Est-ce qu'elle faisait du chantage sur eux?
Roland Pichet : Mais pourquoi l'a-t-on tuée?
Raymond Zitron : Elle leur a peut-être piqué la drogue.
Roland Pichet : Cela n'est pas possible: S'ils l'avaient tuée, ils n'auraient plus revu la cocaïne.
Josette Lascaut : Peut-être qu'elle voulait prendre sa petite revanche et ne leur rendre la cocaïne que contre une grosse somme d'argent ?
Roland Pichet : Ah! je pige, maintenant!
Raymond Zitron : Tiens, Pichet pige !
Josette Lascaut : Qu'est-ce que vous pigez, Pichet ?
Roland Pichet : L'assassin tue Lamouche au moment où elle lui remet la cocaïne pour ne pas devoir la payer, et parce que elle connaît son identité.
Josette Lascaut : Génial, Pichet. Seulement voilà: Il faut trouver des preuves.
Scène 12
Au commissariat à Metz
(Lascaut est venue faire des achats à Metz . Elle en profite pour rendre visite à Monsieur Fritz.)
Josette Lascaut : Salut, Monsieur Fritz.
Fritz : Ah! bonjour Madame Lascaut. Quelle surprise! Qu'est-ce qui vous amène?
Josette Lascaut : Boff, je suis venue faire des achats, alors j'en ai profité pour vous rendre visite.
Fritz : Vous voulez une tasse de café ?
Josette Lascaut : Oui, volontiers.
Fritz : Où en êtes-vous avec le meurtre de Mademoiselle Lamouche ?
Josette Lascaut : Je crois que nous avons un autre suspect et peut-être même une troisième piste: Une affaire de drogues, mais ce n´est pas sûr.
Fritz : Vous avez un autre suspect à part Legrincheux ?
Josette Lascaut : Oui, un certain Tom Fine, son amant et manager. Le motif: Une affaire d´argent et une suite de disputes. Et quest-ce qu'il dit, Legrincheux ?
Fritz : Boff, Legrincheux est toujours en psychiatrie.
Josette Lascaut : Oui, il est en psychiatrie. Mais quest-ce quil dit ?
Fritz : Un jour, il avoue avoir tué Lamouche, un autre jour, il nie tout.
Josette Lascaut : Mais, de toute façon, tant quil est en psychiatrie, ses dépositions sont sans valeur.
Fritz : Cest juste! Le médecin dit quil est dépressif et quil a peur quil essaie encore une fois de se suicider.
Josette Lascaut : Et quel est lavis du médecin ?
Fritz : Il nest toujours pas sûr que Legrincheux soit lassassin de Lamouche, mais il ne peut non plus lexclure.
Josette Lascaut : Jai des photos dun Japonais. Vous pourriez les montrer à Legrincheux. Peut-être quil pourra nous fournir des renseignements supplémentaires.
Fritz : Je lui ai parlé trois fois, jusquà présent. Et chaque fois il ma raconté la même chose: quil avait suivi Lamouche dans les casemates pour lui parler, quil lavait touché à lépaule et quelle lavait renvoyé farouchement. Alors il sest éloigné delle. Puis il serait revenu pour sexcuser. Cest alors quil avait heurté un type cheveux longs, moustaches tombantes, costaud - qui venait de là où se trouvait Lamouche. Puis seulement il aurait trouvé Lamouche morte. Alors il se serait agenouillé à côté delle, sa cravate aurait trempé dans le sang. Et là-dessus il aurait pris la fuite. Vous connaissez lhistoire.
Josette Lascaut : Voilà! Demandez-lui sil reconnaît quelquun sur les photos du Japonais qui ressemble à ce type et vous me le faites savoir. Je pourrais téléphoner ?
Fritz : Bien sûr !
Josette Lascaut : Allô ! Zitron ? Cest Lascaut à lappareil, je voulais vous dire : Mettez-vous en contact avec tous les témoins pour leur demander sils nont pas fait eux aussi des photos ou tourné un film. Cest pour trouver une trace de ce personnage mystérieux dont parle Legrincheux tout le temps. Nous devons savoir sil existe.
Scène 13
Au commissariat à Luxembourg
Josette Lascaut : Hier, jétais à Metz. Jen ai profité pour rendre visite à Fritz. Legrincheux est toujours en psychiatrie; un jour, il avoue avoir tué Lamouche, le lendemain il nie tout. De toute façon, tant quil est en psychiatrie, ses dépositions sont sans valeur. Il est dépressif. Le médecin a peur quil essaie encore une fois de se suicider. Il nest pas sûr que Legrincheux soit lassassin de Lamouche, mais il ne peut pas lexclure non plus. Legrincheux répète tout le temps que, quand il est retourné, cétait seulement pour sexcuser, et non pour la tuer; quelle était déjà morte quand il sest agenouillé à côté delle. Puis il a pris la fuite, et alors il a bousculé un homme aux cheveux longs et aux moustaches tombantes.
Josette Lascaut :(On frappe à la porte.) Entrez !
Roland Pichet : (Un agent accompagne Fine.) Prenez place!
Josette Lascaut : Monsieur Fine, vous savez quon vous suspecte davoir tué Melle Lamouche, mais le parquet vous accuse à présent aussi de trafic de drogues.
Tom Fine : Quoi? Mais, cest une honte ça, je nai jamais
Josette Lascaut : Calmez-vous Monsieur, nous sommes là pour rechercher dans toutes les directions, nous pouvons trouver des preuves, qui pourraient être à votre charge ou à votre décharge. Cest un fait: Nous avons trouvé des traces de drogue dans une des valises de Lamouche. Et vous auriez pu la transporter. Est-ce que la drogue était une raison de votre dispute?
Tom Fine : Non, je vous ai déjà expliqué la raison de notre dispute! Mais je vous avoue: Cette phrase quelle ma lancée: Pire que de mavoir volé 30 000 dollars, cest que tu mas tirée dans cette sale affaire. Mais vous allez voir, toi et tes sales copains." Cette phrase me fait réfléchir. Peut-être quelle a cru que cest moi, qui ai transporté la drogue dans sa valise. Si elle a pensé cela, cest quelle avait déjà trouvé la drogue à Amsterdam. Mais moi, je ny suis pour rien peut-être quelle a voulu garder la drogue et quelle sest fait tuer pour ça?
Raymond Zitron : Allez, Monsieur Fine, vous voulez nous raconter des histoires?
Josette Lascaut : Excusez-moi Monsieur Fine, je dois réfléchir. Est-ce que vous pourriez nous laisser seuls? Agent, emmenez Monsieur Fine.
Tom Fine : Bien sûr, mais vous devez savoir, que je nai pas tué Suzanne! (Fine quitte le bureau.)
Josette Lascaut : Peut-être quil a raison. Javais la même idée. Il faut réexaminer le cambriolage dans la suite de Lamouche. Jai limpression quon a été négligeant lors de notre première enquête au Royal.
Josette Lascaut : (Elle décroche le téléphone:) Allô, Hôtel Royal ? Oui cest Josette Lascaut, le commissaire de la police judiciaire. Est-ce que vous pourriez rassembler tout le personnel, de service le jour du cambriolage, et qui a pu entrer en contact avec Lamouche. Nous viendrons vous rendre visite, cet après midi, disons à 16 heures. (Elle raccroche et aux agents:) Après, nous rendrons visite à maître Pierre-Henri Lefranc. Il faut suivre toutes les pistes.
Scène 14
À lHôtel Royal
Manager : Bonjour Madame Lascaut, voici le réceptionniste, Antoni Blanco, de service le jour en question; et voici la femme de ménage, Madame Marguerida Hennes, qui a découvert le cambriolage.
Josette Lascaut : Bonjour, c'est donc à propos du cambriolage de la suite de Suzanne Lamouche que je voudrais vous parler. Jaurais quelques questions à vous poser. Commençons par le début. Qui est venu voir Mademoiselle Lamouche le jour du cambriolage?
Antoni Blanco : Tout d'abord il y avait un américain. Il voulait savoir si Lamouche logeait chez nous, mais on ne lui a fourni aucun renseignement. Il a pris place au bar. Il y est resté pendant au moins une heure et il a bu plusieurs verres de whisky.
Roland Pichet : Il attendait sûrement.
Antoni Blanco : Oui, il me semble. Je lai gardé à lil. Ensuite Maître Lefranc est venu et m'a demandé, s'il pouvait louer la petite salle de conférence pour une heure ou deux. Quand nous avions réglé les formalités de la réservation, il m'a demandé de prévenir Mademoiselle Lamouche, quil l'attendait dans la salle de conférence. Cest ce que jai fait. Puis il m'a demandé de conduire Mademoiselle Lamouche dans la salle de conférence et de la prier de lattendre là. Il reviendrait tout de suite. Ensuite il est allé aux toilettes.
Raymond Zitron : Il s'est dirigé vers le WC ou vers l'ascenseur ?
Antoni Blanco : Le WC, enfin, je crois. Mais après il a tout aussi bien pu prendre l'ascenseur sans que je ne le remarque.
Josette Lascaut : Est-ce que vous l'avez vu prendre l'ascenseur?
Antoni Blanco : Pas vraiment, non!
Roland Pichet : Vous l'avez vu entrer dans les toilettes?
Antoni Blanco : A vrai dire, non plus. Je l'ai juste vu se diriger en direction des
toilettes et de l'ascenseur, puisqu'ils se trouvent dans le même coin. Voyez !
Josette Lascaut : Mademoiselle Lamouche a-t-elle dû attendre longtemps?
Antoni Blanco : Oui, assez longtemps! Dites: Vous me posez tant de questions sur Maître Lefranc, vous croyez que c'est Maître Lefranc qui ... ?
Raymond Zitron : On ne croit rien, on pose juste des questions. Vous savez, on est là pour poursuivre toutes les pistes. Une enquête c'est fait pour trouver des preuves à charge ou à décharge de quelqu'un.
Josette Lascaut : Fine aurait-il pu monter et revenir sans être vu?
Antoni Blanco : Possible!
Raymond Zitron : Qui a découvert le cambriolage? Cest vous, Madame ?
Antoni Blanco : Oui, cest la femme de ménage, Margerida Hennes.
Roland Pichet : Quand exactement avez-vous constaté le cambriolage, Madame?
Margerida Hennes:Vers 16 heures et demie, ou, attendez ...
Antoni Blanco : 16:35 heures, précis! Voilà la fiche de réclamation. Il y est marqué 16:35 heures.
Margerida Hennes: La porte avait été forcée. J'ai jeté un coup d'oeil dans l'appartement, quand j'ai vu ce qui s'est passé, j'ai poussé un cri, puis je suis descendue et j'ai annoncé le cambriolage à la réception.
Raymond Zitron : Quand est-ce que Maître Lefranc est venu à l'hôtel?
Antoni Blanco : À 16:19 heures!
Roland Pichet : Vous êtes sûr?
Antoni Blanco : Oui, sûr, c'est écrit sur l'affiche de la réservation de la salle de conférence.
Josette Lascaut: Où était-il au moment précis du cambriolage?
Antoni Blanco : Eh bien, Madame Hennes est descendue me prévenir, qu'il y avait eu un cambriolage. À ce moment précis, Mademoiselle Lamouche est venue et a demandé: "Quand est-ce qu'il vient, Maître Lefranc?" C'est alors qu'on entendait sa voix qui venait de la direction des WC et qui disait: "Me voilà, me voilà!"
Roland Pichet : WC ou ascenseur?
Antoni Blanco : Je ne suis pas sûr!
Josette Lascaut : Merci de nous avoir aidés. Au revoir, et si quelque chose vous revient à l'esprit, appelez-nous!
Scène 15
Dans le bureau de Maître Lefranc
Josette Lascaut : (À la secrétaire, Melle Marjorie Lippen) Bonjour, police judiciaire. Nous voudrions parler à Maître Lefranc, sil vous plaît.
Marjorie Lippen : Un moment sil vous plaît, je vous annonce. (Elle frappe à la porte.)
Marjorie Lippen : Monsieur, la police veut vous voir.
Maître Lefranc : Oui, faites entrer! (Ils entrent)
Josette Lascaut : Bonjour, nous sommes de la police. Permettez que je vous présente: Monsieur Pichet et Monsieur Zitron, mes adjoints.
Roland Pichet : Et Madame le commissaire, Josette Lascaut.
Maître Lefranc : Bonjour! Prenez place.
Raymond Zitron : Nous venons à propos de Suzanne Lamouche. Nous essayons de reconstituer le dernier jour de sa vie.
Roland Pichet : Nous nous sommes renseignés et nous avons découvert que vous êtes un des derniers témoins à lavoir vue à lhôtel Royal.
Josette Lascaut : Racontez-nous ce que vous y avez fait.
Maître Lefranc : Eh bien, javais rendez-vous avec Mademoiselle Lamouche. Javais loué une salle de conférence à la réception. Ensuite, je suis allé dans la salle et je lai attendue jusquà ce quelle vienne.
Raymond Zitron : Pourquoi vouliez-vous voir Mademoiselle Lamouche?
Maître Lefranc : Jy suis allé pour dresser un contrat.
Josette Lascaut : Combien de temps lavez-vous attendue dans la salle?
Maître Lefranc : Quelques minutes.
Roland Pichet : Vous êtes sûr?
Maître Lefranc : Oh, oui. Je me souviens. Je lai attendue environ dix minutes.
Raymond Zitron : Bon, cest tout ce que nous voulions savoir, merci de votre collaboration, au revoir!
Scène 16
Dans le bureau de Maître Lefranc
(Un peu plus tard. Le téléphone sonne.)
Maître Lefranc : Maître Lefranc, bonjour! Lechat??? ... Hallô? (Il secoue le cable du téléphone.) Attendez un moment! Jai un mauvais contact. Je vais mettre le "speakerphone". (Lefranc se rend vers la porte de son bureau. Il louvre disant à Marjorie Lippen, sa secrétaire:) Je ne veux pas être dérangé. Par personne, vous entendez ! (Il ferme la porte du bureau. Il enclenche le speakerphone et prend place.) Lechat, doù connaissez-vous mon identité?
Lechat : Peu importe! Alors Maître Lefranc, ainsi vous êtes avocat et trafiquant de drogues à la fois. Cest du propre!
Maître Lefranc : Je vous ai dit de...
Lechat : Je sais ce que vous mavez dit. Jai tout fait selon vos ordres, mais Lamouche était plus maligne que vous ne laviez cru. Elle avait une lampe à rayons U.V. et elle a détecté que les billets étaient faux. Il ne fallait pas faire ça, Maître Lefranc. Vous auriez dû lui donner largent quelle exigeait de vous. Vous avez bien profité delle pour transporter la drogue. Cest logique quelle ait exigé sa part du gâteau.
Maître Lefranc : Croyez-vous que je lui aurais laissé une telle somme? Mais pourquoi lavez-vous tuée?
Lechat : Elle ma fait une scène. Elle voulait me donner à la police parce que vous lui aviez donné des faux billets. Alors moi, je lai dû la poignarder, parce quelle maurait reconnu. Puis jai pris la cocaïne, et je me suis enfui. Un peu plus tard jai ramené le coffret avec les faux billets et la cocaïne là où vous savez.
Maître Lefranc : Pourquoi est-ce que vous mappelez, Lechat? Je vous ai bien payé, non?
Lechat : Ha, ha, ha! Vous me faites rire. 500 000 francs pour un homme comme vous, ça ne suffit pas. Je veux cinq millions.
Maître Lefranc : Cinq millions? Vous êtes dingue?
Lechat : Et je vous conseille de me les donner, parce que je connais votre identité!
Maître Lefranc : Ce nest pas moi qui ai commis le meurtre. Ne loubliez-pas, Lechat!
Lechat : Oui mais, vous êtes celui qui a une bonne réputation à perdre! Et vous devriez aller en prison pour trafic de drogues. Fini la bonne réputation. Imaginez un peu les titres dans les journaux: "Avocat, trafiquant de drogues", "Maître Lefranc commanditaire dun meurtre".
Maître Lefranc : Je ne vous ai jamais dit de tuer Lamouche. Et puis : Vous navez pas de preuve contre moi. Vous par contre, vous avez déjà été en prison. Vous savez, quand jai cherché quelquun pour faire ce travail, je nai pas pris nimporte qui: Je me suis renseigné. Je suis bien placé pour le faire. Vous êtes un criminel et vous avez de grosses dettes. Vous avez joué au Casino 2000 à Mondorf et au Casino Schlossberg et vous avez tout perdu.
Lechat : Vous avez tort de croire que jai tout perdu. Je vous ai vous. Et vous allez me sortir de là. Dommage que jai réussi à vous identifier, nest-ce pas?
Maître Lefranc : Comment vous avez fait?
Lechat : Votre idée avec lasile pour animaux nétait pas bête. La niche de Sussy est une bonne planque pour la drogue et pour largent. Et les gens de lasile ne vous soupçonnent pas de trafic de drogues quand vous venez promener leurs chiens. Tout le monde vous prend pour un ami des animaux. Personne ne pense que Maître Lefranc est un criminel.
Maître Lefranc : Oui, je sais, mais comment ...?
Lechat : Comment je sais qui vous êtes? Eh bien, je vous ai photografié quand vous avez sorti de la case de Sussy le paquet avec les drogues et le coffret avec les faux billets. Je vous ai photografié quand vous êtes monté dans votre voiture. Puis je vous ai poursuivi jusquà ce que je sache où vous travaillez et où vous habitez. Jai même photografié vos enfants et votre belle femme. Dommage si vous devriez aller en prison, nest-ce pas ? Votre famille serait toute seule et sans argent. Si vous me donnez par contre les cinq millions, la police ne saura rien.
Maître Lefranc :
Scène 17
Au commissariat
Raymond Zitron : Pichet venez, on va regarder les films vidéo et les photos que les touristes nous ont fournis.
Roland Pichet : On va commencer par cette cassette-ci.
Raymond Zitron : Daccord. (Pichet et Zitron visionnent le film.)
Raymond Zitron : Stop! Revenez un peu en arrière. Il va falloir que Legrincheux nous le confirme mais je crois que cest bien lui, notre homme. Je crois que cest lui. Quelle chance!
Roland Pichet : Oui, cest vrai, cest lui. Longs cheveux noirs, moustaches tombantes et plutôt costaud.
Raymond Zitron : Je vais copier limage sur lordinateur et faire un e-mail à Fritz.
Roland Pichet : Bonne idée, très bonne idée. Dites, si on allait manger quelque chose. Jai faim.
Raymond Zitron : Cest justement ce que jallais vous proposer. Mais je vais encore finir mon e-mail. Comme ça, on aura peut-être la réponse de Fritz au cours de laprès-midi.
Roland Pichet : Daccord. Dites, vous ne croyez pas que Maître Lefranc
Raymond Zitron : Il nous cache quelque chose. Il y a contradiction entre sa déposition et celle du réceptionniste du Royal. Lefranc prétend avoir attendu Lamouche alors que le réceptionniste nous dit que cest Lamouche qui a attendu Lefranc.
Roland Pichet : Donc Lefranc aurait bien pu faire intrusion dans lappartement de Lamouche. Jai fini. Allez, à la bouffe!
( Laprès-midi du même jour; au commissarait; le téléphone sonne.)
Raymond Zitron : Allô, bureau du commissaire Josette Lascaut. Bonjour. Commissaire Fritz? Ah, Bonjour. Vous avez des nouvelles? Vous êtes des rapides alors Legrincheux la reconnu? Formidable Il va falloir lidentifier, ce ne sera pas simple Merci Nous aurons certainement loccasion de nous revancher ... au revoir et merci encore une fois. (Il raccroche.)
Roland Pichet : Quest-ce quil a dit?
Raymond Zitron : Cest Fritz, il a dit que Legrincheux la reconnu.
Roland Pichet : Je vais consulter la base de données d EUROPOL pour voir si ce type est fiché.
Raymond Zitron : Bonne idée. (Il cherche dans la base de donnée.)
Roland Pichet : Il lai trouvé. Il était déjà accusé de vol, de coups et blessures. Il est brutal. Il était déjà emprisonné à Coblence. Voilà son casier:
Casier no. didentification : 410217-F-57/3875 nom : Lechat prénoms : Jean-Jacques date de naissance : 29.9.1963 lieu de naissance: Kaiserslautern , Allemagne adresse : Trèves, 117, route de Luxembourg profession : garagiste nom+prénom du père : Lechat, André nom+prénom de la mère : Manoit, Marie-Paulette Jeanette nom du conjoint : Marie Knittelhopf photo: [visionner]
Condamnations dates : 25.8.1985, 18.12.1989, 4.5.1990 instance : Erste Strafkammer Koblenz nature de linfraction : coups et blessures, voles de voitures, vol de sacs à main armée condamné à : 5 mois avec sursis, 2 ans, 2 ans et demi |
Raymond Zitron : Je vais contacter la police de Trèves. (Il compose le numéro de téléphone.) Bonjour ... Je suis un des collaborateurs du commissaire Lascaut de Luxembourg Je voulais demander si vous ne pouviez pas demander un mandat de perquisition et un mandat darrêt pour demain après-midi contre un certain Lechat Je vous ferai un fax avec tous les détails Voilà cest ça. Merci beaucoup et au revoir, commissaire Pallü.
Scène 18
Devant le garage de Lechat à Trèves
Josette Lascaut : On se voit plus tôt que prévu. Quest-ce qui sest passé?
Heiko Pallü : Quelquun a essayé de tuer Monsieur Lechat, en faisant tomber le pont sur lui.
Josette Lascaut : A-t-il survécu?
Heiko Pallü : Oui. Il est grièvement blessé, mais il survivra. On a trouvé quelques témoins de lattentat.
Josette Lascaut : Présentez-moi ces témoins, si vous voulez bien...
Heiko Pallü : Voici Monsieur Wolfgang Klein et Monsieur Peter Ungeheuer. (En sadressant à ces messieurs:) Et voici Madame le commissaire Josette Lascaut de Luxembourg. Racontez à Madame ce que vous avez vu!
Peter Ungeheuer: Jai vu une grosse voiture partir en catastrophe. Elle a renversé ces poubelles. Elle est immatriculée en France. Voilà, jai noté le numéro: 8872 LX 57. Le conducteur a failli me renverser aussi.
Josette Lascaut : Ce sont des informations très intéressantes. Et vous, Monsieur, quest-ce que vous avez vu?
Wolfgang Klein: Cest moi qui ai trouvé Monsieur Lechat écrasé sous la voiture. Horrible! Quelquun a dû baisser le pont, alors que Monsieur Lechat était couché sous la voiture. Je suis un bon client de Monsieur Lechat. Je venais chercher ma voiture, que je lui avais laissée pour faire une révision.
Raymond Zitron : (Arrivant en courant.) Madame Lascaut, Madame Lascaut! Regardez ce que jai trouvé dans le bureau de Lechat
Josette Lascaut : (En regardant sur les photos.) Ah !!! Très intéressant, des photos sur lesquels il y a Lefranc, à lasile des animaux à Luxembourg-Gasperich sortant un paquet et un coffret dune cage de chien. Il a lair méfiant sur cest photos, comme sil voulait sassurer quon ne lobserve pas. Il faut trouver ce paquet et ce coffret.
Roland Pichet : Maintenant, je commence à voir clair. Notre honorable Maître Lefranc est un trafiquant de drogues. Peut-être que Lefranc a voulu tuer Lechat à cause dune affaire de drogues.
Josette Lascaut : Plutôt à cause dune affaire de chantage: Lefranc a commis une erreur: Lechat a réussi à connaître son identité. Et il a voulu faire du chantage sur lui. Cest pour ça que Lefranc a essayé de tuer Lechat. Demain il faudra arrêter Lefranc à son travail, à Luxembourg. Je dis bien à Luxembourg, pas à son domicile privé à Angevillers en France. Zitron, mettez nos collègues de la police des drogues et des finances au courant. Il faut quils fouillent son bureau. Et quand on aura arrêté Lefranc, avertissez aussi Fritz pour que lon fouille aussi la maison de Lefranc, en France.
Roland Pichet : Madame Lascaut, regardez ce quont trouvé les agents de Monsieur Pallü. Un couteau à lame éjectable. On trouvera certainement des traces de sang de Lamouche à lintérieur du manche. On a trouvé aussi les habits que Lechat portait le jour de lassassinat de Lamouche. Ce sont les mêmes que sur le film. Nos spécialistes y vont certainement détecter des traces de sang.
Josette Lascaut : Excellent travail.
Scène 19
Commissariat de police à Luxembourg
(Un agent frappe à la porte du commissariat et entre avec Lefranc.)
Josette Lascaut : Prenez place, Maître Lefranc! ( Un moment de silence.) Vous êtes accusé de meurtre et de trafic de drogues.
Maître Lefranc : Mais, Madame le commissaire, vous ne pensez tout de même pas que ...
Josette Lascaut : Écoutez, Maître Lefranc, vous avez fait une déposition sur votre emploi du temps à lHôtel Royal. Et cette déposition dit tout à fait le contraire de celle du portier de cet hôtel. Il dit que Lamouche a dû vous attendre vous, et que ce nétait pas linverse, comme vous laviez prétendu.
Maître Lefranc : Est-ce que quelquun ma vu entrer dans sa chambre?
Josette Lascaut : Non, mais le portier vous a vu aller en direction de lascenseur.
Maître Lefranc : Est-ce quil a aussi vu que je suis monté dans lascenseur?
Josette Lascaut : (Fait non de la tête.)
Maître Lefranc : Ah bon! Mais vous voyez, je suis allé aux toilettes!
Josette Lascaut : Laissez-moi continuer! Connaissez-vous un certain Lechat, Jean-Jacques Lechat, de Trèves?
Maître Lefranc : Non, pas que je sache!
Josette Lascaut : Et pourquoi alors est-ce que Lechat a fait des photos de vous quand vous étiez à lasile des animaux à Gasperich?
Maître Lefranc : Peut-être que je suis juste sur une photo par hasard. Je ne connais pas ce monsieur.
Josette Lascaut : Écoutez, Maître Lefranc ! Vous nêtes pas sur une photo, vous êtes sur une trentaine de photos. Et ces photos, étaient enfermées à la gare de Trèves dans un safe. Et sur ces photos, vous portez un paquet et un coffret ! Maître, dites-nous: Quest-ce quil y avait dans le paquet et dans le coffret?
Maître Lefranc : Mais, Madame, il y avait de la nourriture pour chiens dedans.
Josette Lascaut : Vous savez ce que je crois? Je crois que lasile des animaux est un carrefour pour trafiquants drogues: Vous y apportez largent et vos collaborateurs viennent y enlever la drogue.
Maître Lefranc : Mais, Madame le commissaire, cest de la fantaisie, vous délirez: Vous ne pouvez pas baser votre accusation sur quelques photos. Vous le savez bien. Jaime les chiens, je préfère dailleurs Sussy. Cest une chienne. Mignonne, vous ne pouvez pas savoir! RTL fait tous les trois jours une émission sur les chiens. Vous le savez bien, mais, ce que vous ne savez pas, cest que RTL soutient beaucoup dassociations de protection danimaux. Je suis membre dun de ces comités. Tous le soirs, avant de rentrer à la maison, je vais faire un tour avec Sussy pour me détendre du stress de la maison et du bureau.
Josette Lascaut : Vous ne le savez peut-être pas encore, mais des spécialistes de la police des finances et des drogues sont en train de fouiller votre bureau et votre maison privée. Ils vont trouver des traces de vos mouvements dargent. Nous allons vous prouver que ...
Maître Lefranc : que quoi ?
Josette Lascaut : ... que vous avez transféré de largent à létranger, en Colombie, par exemple. Nous allons connaître vos partenaires daffaires et nous allons aussi vous prouver que vous avez engagé Lechat pour le sale boulot, et
Maître Lefranc : Comment voulez -vous savoir?
Josette Lascaut : Vous avez donné lordre à Lechat de tuer Lamouche parce que Lamouche avait découvert vos machinations. Elle voulait sa part du gâteau. Voilà, cest simple. Combien a-t-elle exigé, hein?
Maître Lefranc : Mais vous navez pas de preuves.
Josette Lascaut : Si. Lechat. Il avait découvert votre identité, nest-ce pas ? Alors vous avez dû le liquider ! Mais ça ne vous a pas réussi : Lechat nest pas mort, mon cher !
Scène 20
Au commissariat de police
(Deux jours plus tard.)
Josette Lascaut : Maître Lefranc, nous avons trouvé les preuves nécessaires dans votre comptabilité : des virements, des grosses sommes payées aux noms de trafiquants de drogues connus par les polices un peu partout en Europe. Vous voulez que je vous cite quelques uns de vos partenaires: Monsieur Haferstein à Hambourg, Monsieur Rodrigues à Marseille, Madame Lancia-Araujio-Da Quintas-De Jesus à Coïmbra, tous des maffieux bien connus contre qui la police na pas encore de preuves suffisantes? Vous voulez que je vous en énumère encore dautres?
Maître Lefranc : ...
Josette Lascaut : Monsieur Bostoläuka à Copenhague, Mister Jhon Lathling à Birmingham, Monsieur Franco Lorenzini à Rome. Je continue?
Maître Lefranc :
Josette Lascaut : Nous avons trouvé des traces de cocaïne microscopiques dans votre bureau, tiroir gauche en bas, chez vous, dans votre maison privée, au garage, dans larmoire en bois, fermée à clé. Maître Lefranc, je vous accuse de trafic de drogues et de meurtre.
Maître Lefranc : Mais je nai pas
Josette Lascaut : Vous avez ordonné à Lechat de tuer Lamouche.
Maître Lefranc : Non, ça ne sest pas passé comme vous le croyez. On avait caché la drogue dans une des valises de Lamouche pour quelle transporte la cocaïne jusquen Europe, à Amsterdam plus précisément ...
Josette Lascaut : On, ce sont vos partenaires en Amérique?
Maître Lefranc : Cest ça, mais Lamouche avait découvert la drogue et quand mes hommes voulaient la reprendre à lhôtel Krasnapolsky, elle nétait plus là. Alors jétais obligé de lui téléphoner, sans révéler mon identité évidemment, pour exiger quelle nous rende la cocaïne. Le problème était, qu'elle exigeait cinq millions. Sur cela, je suis allé au Royal, où elle logeait entretemps. À la réception, jai réservé la petite salle de conférence, jai fait appeler Lamouche, puis quand elle était descendue, je me suis introduit dans sa suite pour chercher la cocaïne dans ses valises. Malheureusement on ma dérangé, alors je suis redescendu dans la salle de conférence. Parallèlement, javais déjà engagé Lechat pour récupérer la cocaïne. Il devait lui donner largent et récupérer la drogue pour le cas où jéchouais à lhôtel.
Josette Lascaut : De largent vrai ou faux ?
Maître Lefranc : Faux, des photocopies en couleur!
Josette Lascaut : Et non pas de la nourriture pour chiens comme vous lavez prétendu.
Maître Lefranc : Mais Lamouche a découvert les faux billets avec une lampe à rayons U.V. Alors Lechat la tué. Mais je ne lui avait pas donné lordre. Il avait peur quil se ferait reconnaître plus tard.
Josette Lascaut : Ce nest pas de ce meurtre-là que je voulais vous accuser !
Maître Lefranc : Mais ?
Josette Lascaut : Cest de la tentative de meurtre sur la personne de Lechat.
Maître Lefranc : Prouvez-le-moi !
Josette Lascaut : On a la déposition de Lechat. Vous savez, il na plus rien à perdre. Il a tout avoué. Il avait réussi à découvrir votre identité et il faisait pression sur vous : Si vous ne lui payez pas cinq millions, il révélerait votre identité à la police. Il vous tenait grâce aux photos quil avait faites de vous quand vous étiez allé récupérer la drogue et largent à lasile pour animaux!
Maître Lefranc : Mais, ce nest pas la preuve que jai voulu tuer Lechat.
Josette Lascaut : Permettez-moi de vous confronter avec dautres faits. Monsieur Ungeheuer, un passant très attentif, a vu partir en catastrophe, devant le garage de Lechat à Trèves, une grosse voiture, renversant des poubelles. Il y a dailleurs des traces de couleur aubergine sur les poubelles, la même couleur que celle de votre Audi A8! La voiture est immatriculée en France. Voilà, Monsieur Ungeheuer, un homme très attentif, comme je vous le disais, a noté le numéro de cette voiture : 8872 LX 57. Le conducteur, si pressé de démarrer de devant le garage de Lechat, et qui a presque renversé Monsieur Ungeheuer, cétait vous.
Maître Lefranc : Quelquun a pu voler ma voiture!
Josette Lascaut : Ecoutez, Monsieur Lefranc! Je nai pas encore fini.Voilà la meilleur: Lechat a fait la description de vos chaussures, celles que vous avez portées au moment où vous lavez approché, alors quil était allongé sous une Renault Mégane. Peu après il na plus rien pu voir parce que vous lui aviez fait tomber la voiture dessus.
Maître Lefranc :
Josette Lascaut : Est-ce que ce sont vos souliers? (Elle montre des chaussures munies de boucles dorées)
Maître Lefranc :
Josette Lascaut : Nous les avons trouvées dans votre armoire, chez vous, à Angevillers. Est-ce que ce sont vos souliers, M.Lefranc?
Maître Lefranc : Oui!
Josette Lascaut : Et voyez-vous, cest précisément cette paire de chaussures-là, munies de telles boucles dorés, que Lechat a vu juste avant que la voiture ne lui tombe dessus. Dommage que Lechat ait survécu, nest-ce pas?