Meurtre dans les casemates

 

Un polar réalisé par

les élèves de la 6ème année

de l’école primaire de Frisange

et leur instituteur M. Reding

au cours de l’année scolaire 1997/98

 


 

Scène 1

Au commissariat de police

 

Josette Lascaut : C'est à cette heure-ci que vous venez?

Roland Pichet : Mais il n'est que huit heures dix, Madame le commissaire.

Raymond Zitron : Et on fait des heures supplémentaires tout le temps à la police.

Josette Lascaut : ... pour lesquelles, on vous paye bien. Où vous en êtes avec votre dossier ’Hermes’, Monsieur Pichet?

Roland Pichet : Je fais des progrès, mais il faut que je contrôle encore les alibis de Marc Müller et de Miguel Dos Santos.

Josette Lascaut : Et vous Monsieur Zitron?

Raymond Zitron : Monsieur Zitron va d'abord ôter son manteau. Dans l'affaire Bosch, je... (Le téléphone sonne.) Téléphone!

Josette Lascaut : Eh bien,décrochez!

Raymond Zitron : Toujours les mêmes. (Il décroche.) Police judiciaire, bureau de madame le commissaire Lascaut. Oui ... Oui ... Où ça? ... Dans les casemates! D'accord on arrive tout de suite. (Il raccroche.) On a du travail: Meurtre dans les casemates.

Josette Lascaut : Place de la Constitution?

Raymond Zitron : Je suppose. C'est la seule entrée possible vers les casemates pour le public.

Roland Pichet : Allons-y!

 

[Josette Lascaut] [Raymond Zitron] [Roland Pichet]

 

 

Scène 2

A l'entrée des casemates

 

(Des badauds, des agents de police, des secouristes, des journalistes et des reporters.)

Josette Lascaut : Commandant Tirebouchon, faites évacuer la place, sauf les témoins, évidemment! Dites à vos agents de repérer les témoins. Notez leurs noms, adresses, le nom de leur hôtel, éventuellement. Attention, il y a certainement beaucoup de touristes étrangers. Interrogez ceux qui vont quitter le pays en premier lieu. Dites aux journalistes de se patienter un peu. Nous faisons d'abord notre travail, puis nous leur donnons tous les renseignements possibles. Dites leur que ça va durer deux ou trois heures. Ils n'ont pas besoin d'attendre, nous allons les contacter. (À Pichet et à Zitron:) Allez, on descend dans les casemates.

 

[Plan de la ville] [Casemates]

 

Scène 3

Au commissariat

 

Josette Lascaut : Messieurs, je vous ai découpé deux articles sur la mort de Suzanne Lamouche. L'un dans le "Luxemburger Wort", l'autre dans le "Républicain Lorrain". Les voilà.

 

Suzanne Lamouche, tuée dans les casemates!

Hier après-midi, un drame horrible a eu lieu dans les casemates. Suzanne Lamouche, un célèbre top-modèle américain, a été tué à l’arme blanche dans les casemates où elle s’était mêlée à un groupe de touristes.

Suzanne Lamouche était ici au Luxembourg pour participer à un talk-show sur RTL. L'émission aurait dû être enregistrée hier soir. Juste avant son meurtre, elle aurait eu une dispute avec Tom Fine, son partenaire de vie sur une terrasse de 1a place d'Armes. Il y aurait eu beaucoup de témoins de cette dispute.

Suzanne Lamouche est née le 14 mars 1975 à Los Angeles. Elle était strip-teaseuse à L.A. avant devenir mannequin. Son image se retrouve sur les couvertures des magazines pour femmes, dans la publicité, sur les affiches, dans les spots de télévision, au cinéma… Suzanne est devenue une femme très célèbre.

La police n’a jusqu’à présent aucune trace de l’assassin ni du motif de cet assassinat horrible. Elle lance un appel aux témoins. -M.S.- 

 Meurtre dans les casemates

Hier, une grande star, connue dans le monde entier, a été tuée au couteau. Le meurtre s’est passé dans les casemates de Luxembourg. La victime est Suzanne Lamouche, âgée de 22 ans. Elle est rentrée dans les casemates avec un groupe de touristes pour ne plus en sortir vivante.

Suzanne était en tournée en Europe. Elle est venue à Luxembourg, invitée par RTL. Hier soir, elle aurait dû participer à un talk-show. Selon le témoignage d’un garçon de café de la place d’Armes, elle aurait eu, sur la terrasse même une dispute avec Tom Fine, son amant, juste avant sa mort.

Suzanne Lamouche est née à Los Angeles le 14 mars 1975. Elle est franco-americaine. Elle est la fille d’un père français et d’une mère américaine. Lamouche est devenue une star célèbre dans le monde du show-business et de la publicité. Son image fait la une des magazines pour femmes, et elle est présente dans la publicité, sur les affiches, dans des spots à la télévision et au cinéma.

 

[Suzanne Lamouche]

 

Josette Lascaut : Comme d'habitude les journaux en savent plus que nous. Il paraît qu'il y a eu une dispute entre Suzanne Lamouche et ce Tom Fine. Monsieur Pichet, vous allez vérifier, si c'est correct. Et après prévenez-moi tout de suite.

Roland Pichet : D'accord j'y vais, et dès que j'aurai des nouvelles, je vous préviens.

Josette Lascaut : (Le téléphone sonne.) Allô, commissaire Lascaut à l’appareil. Le manager de l’hôtel Royal? … de Suzanne Lamouche ... Oui, vous avez bien lu, elle est morte. … Elle a logé chez vous? ... Et on a cambriolé sa suite?... Fouillé les bagages? ... Ne touchez à rien. Je vous envoie tout de suite un agent. Merci de votre collaboration. … Au revoir ! Ah, encore une question : Vous ne savez pas d’où elle vient ? … D’Amsterdam ? … Hôtel Krasnapolsky ? Parfait. Merci. (Elle raccroche le téléphone.)

Josette Lascaut : Zitron, allez voir ce qui s'est passé dans la suite de Suzanne Lamouche. Il paraît qu'elle a eu de la visite.

Josette Lascaut : (On frappe à la porte.) Entrez!

Agent : Commissaire, il y a un monsieur japonais qui aimerait vous parler.

Josette Lascaut : Faites le entrer!

Agent : Monsieur, entrez!

Josette Lascaut : Bonjour Monsieur.

Japonais : Bonjour Madame le commissaire. Moi, pas très bien parler. Regardez … journal ... photo … Lamouche ... morte? ... assassinée?

Josette Lascaut : Oui, vous avez bien compris.

Japonais : Dommage ... belle fille.

Josette Lascaut : Vous connaissez Suzanne Lamouche?

Japonais : Oui, oui! télévision japonaise, journaux japonais, cinéma …

Josette Lascaut : Oui, elle est connue dans le monde entier. Mais l’avez-vous vue ici, à Luxembourg ?

Japonais : Si, si … place d’Armes … Lamouche fâchée … dispute …

Josette Lascaut : Oui, oui, on sait. Vous étiez aussi dans les casemates?

Japonais : Oui, Lamouche … casemates, moi, casemates.

Josette Lascaut : Vous avez vu quelque chose ? Le meurtrier peut-être ?

Japonais : Non, pas moi meurtrier !

Josette Lascaut : Non, non, rassurez-vous, vous n’êtes pas le meurtrier. Avez-vous vu le meurtrier ? Vu ?

Japonais : Vu ? Non, pas vu, pas vu. Mais photos de Suzanne Lamouche. Beaucoup photos. Lamouche, belle fille. Voilà.

(Il sort des photos, qu’il a faites de Lamouche.)

Josette Lascaut : Vous ne pouviez pas le dire plus tôt?

Japonais : Pardon ?

Josette Lascaut : Non, rien. Effectivement. Formidable.

Japonais : Oui, Lamouche formidable. Belle fille … beaucoup photos : Lamouche … cathédrale, Lamouche … café, Lamouche … rue, Lamouche … grand pont, Lamouche … casemates.

Josette Lascaut : Si, j’ai compris : vous êtes un fan de Lamouche.

Japonais : Oh oui, Lamouche … belle fille.

Josette Lascaut : Je garde vos photos. Tenez, je vous donne un coupon. Vous irez à la caisse, en bas, au rez-de-chaussée. On vous remboursera le prix des photos. Monsieur l’agent vous accompagne. Merci beaucoup et beau séjour à Luxembourg.

Japonais : Mais, mes photos ?

Agent : Venez, monsieur ! Photos … argent … en bas … rez-de-chaussée. Venez !

Japonais : Au revoir !

Josette Lascaut : Merci beaucoup, au revoir !

Josette Lascaut : ( téléphone.) Est-ce que c'est bien la police d’Amsterdam? … Commissaire Josette Lascaut de la police judiciaire de Luxembourg à l’appareil. Je vous appelle à propos de Suzanne Lamouche, le célèbre mannequin. … Non, elle a été assassinée …Non, ici, chez nous, à Luxembourg … Oh oui, c’est dommage, c’est toujours dommage … oui … oui … Pourriez vous nous fournir des renseignements sur elle ? Elle vient d’Amsterdam où elle était descendue à l’hôtel Krasnapolsky. … Oui, tout : où elle allait dîner, si elle était accompagnée, avec qui elle a eu des contacts, etc., tout. Je vous fais un fax avec toutes les questions intéressantes … Merci d'avance. Au revoir.

 

 

Scène 4

À la terrasse du Café de Paris à la Place d'Armes

 

Roland Pichet : Pichet, police. Bonjour. Étiez-vous ici, hier après-midi, entre 13 heures et 15 heures?

Michel Banquier : Oui.

Roland Pichet : Dites-moi votre nom, prénom et adresse, s'il vous plaît .

Michel Banquier : Je m'appelle Michel Banquier et je ...

Roland Pichet : Une seconde. Vous vous appelez Michel B-A-N-QU-I-E-R. Mais vous n'êtes pas banquier!

Michel Banquier : Malheureusement, non! Comme vous le voyez: je ne suis qu'un pauvre garçon de terrasse.

Roland Pichet : Adresse?

Michel Banquier : 17, rue Klensch à Bettembourg.

Roland Pichet : Connaissez-vous cette personne?

Michel Banquier : Oui, je m'en doutais. Avec ce qui s'est passé. La pauvre. C'est Suzanne Lamouche. Je la connais de la télé, de la pub, des journaux ... Hier après-midi nous avions l'honneur de l'accueillir ici, sur la terrasse de notre café. Elle était assise à cette table-là, en compagnie d'un jeune homme, peu sympathique, d'ailleurs. Entre les deux régnait une atmosphère lourde. J'ai pris les commandes et lorsque je suis revenu avec le plateau plein de boissons, Lamouche a donné un papier au type. Il y a jeté un coup d’œil et puis il l'a lancé, furieux, devant elle, sur la table. Le type a levé la voix, a crié, gesticulé, menacé. Lamouche a essayé de s'enfuir, mais l'homme l'a retenue. Elle voulait se libérer de son emprise, a sursauté et ... renversé mon plateau. Elle est partie en courant, et avec un de ses sacs, a touché une dame à la jambe. Et vous savez ? En renversant mon plateau, elle a bousillé le pantalon du mari de la dame. En fait, elle portait deux sacs…

Roland Pichet : Deux? Vous en êtes sûr? Nous n’avons trouvé qu’un petit sac à main à côté du corps.

Michel Banquier : Non, non. Elle portait bien deux sacs, un sac à main pour dames, tout petit, et un grand sac en toile dans lequel se trouvait quelque chose de lourd. C'est avec ce sac qu'elle a cogné la dame si fort qu'elle a eu un bleu à la jambe. Les clients peuvent vous le confirmer. Ils sont descendus chez nous, à l'hôtel, chambre 28. D'ailleurs j'ai porté le pantalon de monsieur au Cinq à Sec.

Roland Pichet : Qu'a fait le compagnon de Lamouche?

Michel Banquier : Il a payé la note en vitesse, puis il a suivi Lamouche d'un pas rapide.

Roland Pichet : Merci pour les renseignements. Je vais préparer votre déposition et je vous l'apporte au restaurant pour la signer. Comme ça vous n'avez pas besoin de venir au bureau.

Michel Banquier : Merci.

Roland Pichet : Allez. Au revoir.

 

 

Scène 5

À l’Hôtel Royal

 

Raymond Zitron : Zitron, police! Je peux parler au manager?

Portier : Bien sûr, venez avec moi! (Ils traversent un long couloir, puis le portier frappe à une porte.)

Manager : Oui?

Portier : Un monsieur de la police veut vous parler!

Manager : Faites-entrer!

Raymond Zitron : (au manager) Vous êtes le manager de cet hôtel?

Manager : Oui, je suis Monsieur Potenvin Auguste, le manager de l’hôtel!

Raymond Zitron : Zitron, police judiciaire. Je viens à propos de Suzanne Lamouche!

Potenvin : Allez- y!

Raymond Zitron : Quand Lamouche est descendue à cet hôtel, était-elle seule ou bien était-elle en compagnie de quelqu'un?

Potenvin : Non, elle était seule, mais on a livré énormément de bagages.

Raymond Zitron : Qui, on?

Potenvin : Une entreprise de taxi. Lamouche vient d'ailleurs d'Amsterdam où elle habitait à l'hôtel Krasnapolsky, je le sais parce que l'hôtel Krasnapolsky a fait la réservation chez nous.

Raymond Zitron : Est-ce qu'il y a quelque chose d'anormal qui s'est passée ces derniers jours?

Potenvin : Oh oui! La suite de Lamouche a été cambriolée. Je lui avais proposé de porter plainte à la police, mais elle a refusé.

Raymond Zitron : (s'étonne) Ah tiens, pourquoi donc?

Potenvin : On ne lui aurait rien volé!

Raymond Zitron : Rien volé?

Potenvin : Son coffre-fort était fermé. Quelques valises seulement avaient été fouillées, mais elle a affirmé que rien n'avait été pris dans ses bagages. D'ailleurs les "visiteurs" n'avaient pas ouvert toutes les valises. Peut-être que quelqu’un les avait dérangés.

Raymond Zitron : Est-ce que quelqu'un a visité Suzanne Lamouche ces derniers jours?

Potenvin : Oui, un certain Maître Pierre-Henri Lefranc l'a visitée.

Raymond Zitron : Qui est ce Maître Pierre-Henri Lefranc?

Potenvin : C'est un avocat qui travaille pour RTL. Mais il y avait aussi un américain qui voulait savoir si Lamouche habite dans notre hôtel. Évidemment, nous ne lui avons fourni aucun renseignement.

Raymond Zitron : Merci, pour les informations, ça va nous aider beaucoup. Je vais sceller la suite de Lamouche. Des spécialistes viendront prélever les empreintes et enlever les bagages pour les fouiller. Puis vous pouvez disposer de nouveau de la suite.

Potenvin : Bien, Monsieur.

 

[Maître Pierre-Henri Lefranc]

 

 

Scène 6

Au commissariat

 

Josette Lascaut : J'ai eu une réponse d'Amsterdam. Ils sont rapides, ceux - là. Bon travail. Suzanne Lamouche et notre américain se sont déjà disputés à Amsterdam. Il s’appelle d’ailleurs Tom Fine. Cela confirme ce que nous avons lu dans les journaux. Il est l'amant de Suzanne Lamouche et son manager. Il paraît qu'il y a eu de la casse à l'hôtel Krasnapolsky. Ils ont brisé un miroir, un vase, le lavabo, des flacons de parfum, des verres et une cruche.

Roland Pichet : Ils se sont donc déjà disputés à Amsterdam.

Josette Lascaut : Et comment ! Le service d'étage les aurait entendus crier. C'est comme ça qu'on a eu les témoignages. Suzanne serait sortie brusquement et aurait claqué la porte. Plus tard, Fine serait sorti aussi. Le soir, quand il est rentré, Lamouche était partie avec tous ses bagages. Elle aurait défendu aux gens de la réception du Krasnapolsky de fournir tout renseignement à Fine.

Roland Pichet : Il faudra trouver ce Fine.

Raymond Zitron : C'est aussi mon avis !

Josette Lascaut : (Prend les photos du japonais et les regarde attentivement.) Hé ! vous voyez ce que je vois? Regardez cet homme: il a les yeux fixés sur Suzanne Lamouche sur presque toutes les photos.

Raymond Zitron : Vous avez raison! Il semble beaucoup s'intéresser à Lamouche. Voyez comment il la regarde. Il l'a à l'oeil sur presque toutes les photos.

Roland Pichet : C'est très suspect. J'ai aussi l'impression que celui-là, c'est notre homme.

Josette Lascaut : En tout cas il faut suivre cette piste. Bon. Vous savez ce qu'on va faire ? Pichet, vous allez me digitaliser la photo de ce type, vous allez m'agrandir son visage et puis vous allez faire en sorte qu'il soit diffusé sur toutes les chaînes de télévision et dans tous les journaux de la région. Comprenez bien: dans toute la région, la Lorraine, ici, au Luxembourg, dans la Province de Luxembourg et dans la région de Trèves. Dépêchez-vous que ça soit encore ce soir dans les journaux télévisés et dans la presse écrite. Zitron, contactez les sections de recherche des polices française et allemande. Passez-leur tous nos renseignements.

Raymond Zitron : D 'accord.

 

 

Avis de recherche:

Est recherché pour cause de meurtre sur la personne de Suzanne Lamouche. Toute personne qui peut fournir des renseignements utiles pourra s'adresser à la police judiciaire de Luxembourg

Tél.: (00352) 42 42 42

 

 

Scène 7

Au commissariat

 

Josette Lascaut : On a réussi à passer les avis de recherche de notre suspect numéro un?

Roland Pichet : Oui, ils ont montré l'avis de recherche sur les différentes chaînes de télévision de RTL: RTL9, RTLTVI, RTL2 et à la radio luxembourgoise. J'ai apporté les avis de recherche qui ont été publié dans deux des journaux, le Républicain Lorrain et le Luxemburger Wort. Voilà.

Josette Lascaut : J'ai ici la déposition de M. Gourmand et de son épouse. Vous savez les touristes français assis à côté de Lamouche sur la terrasse du Café de Paris. Jetez-y un coup d'oeil, si vous voulez ... (Elle leur donne la déposition.) Ils confirment ce que le garçon du Paris nous a dit. Ils déclarent qu'à cause de Lamouche et de cet américain, Madame Gourmand a eu un bleu sur la jambe et que le pantalon de Monsieur a été sali.

Josette Lascaut : Et vous Monsieur Zitron?

Raymond Zitron : J'ai les déclarations et les adresses de la plupart des visiteurs des casesmates: Premièrement, quelqu'un aurait abordé Lamouche, qui l'aurait repoussé violemment. Elle aurait crié: " Laisse-moi en paix. Non, mais regarde-toi dans le miroir, pauvre type! " Ensuite ce quelqu'un serait parti confus, mais il serait revenu vers la fin de la visite. Puis cette personne se serait frayé un chemin à travers la foule pour rejoindre Lamouche, qui était à l'arrière du groupe.

Josette Lascaut : Qui prétend que Lamouche a été à l'arrière du groupe?

Raymond Zitron : La guide, une jeune étudiante. Elle est formelle. Alors notre suspect aurait couru, affolé, vers la sortie en bousculant les autres touristes.

Josette Lascaut : Vous devez absolument montrer la photo de ce suspect au guide et à tous le autres témoins. Peut-être que c'est bien notre homme. (Coup de téléphone. Josette Lascaut décroche :) Commissaire Lascaut à l'appareil. … Bonjour commissaire .... Ah bon, un suspect …, dans notre affaire? A Hagondange? Oui, à Metz ... J'arrive tout de suite. Merci. (Elle raccroche.) C'était le commissaire Fritz de Metz. Notre suspect habiterait à Hagondange. Je suis invitée à participer à son arrestation. Il faut que je parte à l'instant même, prévenez le juge. (Elle part.)

Raymond Zitron : Entretemps, nous dépouillerons les bagages de la victime.

Josette Lascaut : C'est ça.

 

 

Scène 8

Dans la voiture du commissaire Fritz, puis dans l'appartement de Legrincheux

 

Fritz : Notre homme s'appelle Hubert Legrincheux, 1,79 m, cheveux roux. Particularités : oreilles décollées, pomme d'Adam bien visible, lèvres charnues. Mais pourquoi je vous raconte tout ça? J'ai sa photo : Voilà. (Il décroche le téléphone.) J'appelle la voiture qui nous suit. Il faut qu'ils soient prudents. Madame Lascaut et moi, allons monter dans l'appartement de Legrincheux. Soyez vigilants! Ayez à l'oeil les sorties de l'immeuble.

Josette Lascaut : (Devant l'appartement de Legrincheux.) Voilà de l'eau qui coule sous la porte de l'appartement. Qu'est-ce qu'on fait?

Fritz : Police! Ouvrez! ... Je crois qu'on va devoir entrer par la force. (Fritz sort de sa poche des passe-partout et ouvre la porte de l'appartement de Legrincheux.)

On va se séparer. Vous allez à gauche, moi à droite.

Josette Lascaut : Fritz, Fritz venez vite! Il est dans la baignoire ... et ... mon dieu! J'appelle vos collègues.

Fritz : Il s'est ouvert les veines! Je vais avertir le SAMU et les autres. (Il téléphone:)

SAMU? Commissaire Fritz de la police judiciaire. Venez vite. Adresse: 113, rue de la Moselle, premier étage, appartement numéro 3, à Hagondange. Dépêchez-vous, c'est urgent.

Les agents: (accourent et entrent dans la salle de bain.) Nous voilà! Bon sang! Il est mort?

Josette Lascaut : Non.

Fritz : Sortez le de la baignoire! Heureusement que sa tête n'était pas sous l'eau. Bandagez-lui bien fort les bras avec ceci pour qu'il ne perde plus de sang.

Les agents : Oui, chef.

Josette Lascaut : Il n'est pas mort, il a eu de la chance. J'espère qu'il s'en sortira.

Fritz : Oui c'est vrai, il aurait pu se noyer ou se vider de son sang.

(Le médecin et les ambulanciers arrivent.)

Le médecin : Prêt pour la transfusion. Allons-y! Vite! (Premiers secours.) On va devoir l'emmener à l'hôpital. Dépêchons-nous! (On sort Legrincheux.)

Fritz : (Dans la chambre à coucher de Legnincheux.) Quel bordel! Regardez-moi ça. Je crois que c'est votre homme, Madame Lascaut! Voilà les preuves : Des photos de Lamouche et d’une autre femme noire affichées sur tous les murs de sa chambre à coucher.

Josette Lascaut : Tiens, voilà un vide sur le mur. Il manque une photo.

Fritz : Tenez! Voici ce que vous cherchez : une photo de Lamouche déchirée en mille morceaux.

Josette Lascaut : Comme s'il l'avait tuée une deuxième fois. Une fois ici, dans son appartement, et une fois dans les casemates.

Fritz : Il faut trouver cette deuxième femme noire. C'est peut-être son épouse.

Josette Lascaut : C'est possible. Regardez, il y a une petite fille avec cette femme sur une des photos.

Fritz : Regardez ce que je viens de trouver: une cravate et un pantalon pleins de sang. Est-ce son sang ou celui de Lamouche? On va porter ça au laboratoire pour faire faire des analyses. Moi, je parie que c'est lui le meurtrier.

 

[Commissaire Fritz de Metz]

 

 

Scène 9

Au commissariat de police à Luxembourg

 

Josette Lascaut : Tout me semble un peu trop simple, un peu trop évident: la cravate trempée de sang, le pantalon, les photos. Pourquoi il n'a pas fait disparaître le corps du délit? Il a eu assez de temps. Je ne suis pas sûre d'avoir trouvé le coupable.

Roland Pichet : Vous croyez?

Raymond Zitron : Oui, j'ai aussi cette impression.

Josette Lascaut : Bon, laissons cela maintenant. Quels sont les résultats du dépouillement des bagages de Lamouche ?

Roland Pichet : Eh bien, voilà. Dans le coffre-fort de Lamouche, on a trouvé des papiers très intéressants : il y avait un fax par lequel Lamouche a annulé l'assurance vie qu'elle avait faite en faveur de Tom Fine.

Raymond Zitron : Fine, son amant? Celui qui a tout cassé à l'hotel Krasnapolsky à Amsterdam?

Roland Pichet : C'est ça!

Raymond Zitron : Et puis on a trouvé la copie d'une lettre de démission, adressée à Fine, qui était aussi le manager de Lamouche. Dans cette lettre, elle explique même le motif pour cette démission : il lui aurait volé 30.000 dollars.

Roland Pichet : Et puis nous avons fait une découverte surprenante: nos chiens ont découvert des traces de cocaïne dans une de ses valises.

Raymond Zitron : Peut-être que c'est Fine qui a trafiqué la drogue.

Roland Pichet : Ou alors ce sont Lamouche et Fine ensemble.

Josette Lascaut : Ou bien, c'est une troisième personne qui est dans le coup. En tout cas, nous devons trouver Fine. Messieurs, vous allez me le rechercher dans tous les hôtels de la région.

 

 

Scène 10

Hôpitaux de Metz

 

Fritz : Bonjour.

Josette Lascaut : Bonjour Monsieur Legrincheux.

Legrincheux : Bonjour Madame, bonjour Monsieur l’inspecteur.

Josette Lascaut: On vient vous interroger à propos de la mort de Suzanne Lamouche. Dites-moi : Comment avez-vous su que Lamouche était à Luxembourg ?

Legrincheux : Ils l’avaient annoncé à la télé, depuis longtemps.

Fritz : Où étiez-vous le 14 juillet à 14 heures?

Legrincheux : Eh bien, oui, j’étais dans les casemates, à Luxembourg. Mais je n’ai pas tué Lamouche.

Josette Lascaut : Comment saviez qu’elle était dans les casemates ?

Legrincheux : J’étais chez RTL pour avoir un billet d’entrée pour suivre le talk-show avec Lamouche en direct, mais ils m’ont dit qu’il n’y avait plus de billet. Alors j’ai demandé si Lamouche ne donnait pas d’autographe et ils m’ont dit qu’en tout cas pas chez eux ; que je devrais tenter ma chance à l’Hôtel Royal, où elle était descendue. Alors je voulais aller à l’hôtel, mais comme par hasard, je l’ai rencontrée sur la Place d’Armes par où je passais. Elle avait une dispute avec son type. Je le connais. J’ai lu des articles sur lui. Alors j’ai suivi Lamouche. Je ne savais comment l’aborder, parce qu’il y avait ce type qui l’avait rejointe. Alors, dans les casemates, comme l’américain l’avait quittée, j’ai osé: je l’ai approchée, mais elle m’a chassé.

Josette Lascaut : (Elle montre la cravate trempée de sang.) C’est à vous?

Legrincheux : Oui, mais je ne l’ai pas tuée.

Fritz : Comment ça s’est passé? Racontez un peu !

Legrincheux : Dans les casemates, je m’étais rapproché d’elle, je l’ai touchée à l’épaule, rien de grave ; mais elle a crié et elle m’a renvoyé. Alors je me suis éloigné d’elle.

Josette Lascaut : Mais il y a du sang sur votre cravate et sur votre pantalon, son sang.

Legrincheux : Mais attendez, ce n’est pas encore fini. D’abord je suis parti, puis je suis revenu pour m’excuser, mais elle était déjà morte. Quand je l’ai vue je me suis agenouillé à côté d’elle ... C’était terrible.

Fritz : Alors la cravate s’est trempée dans le sang.

Legrincheux : Oui, c’est juste et, là-dessus, j’ai pris la fuite.

Fritz : Vous n’avez rien remarqué de particulier.

Legrincheux : Non. Si, juste avant de retrouver Lamouche morte, j’ai bousculé un homme aux cheveux longs et aux moustaches tombantes. Il venait de la petite salle, où était Lamouche.

Fritz : Petite salle ?

Legrincheux : Oui, enfin, j’appelle petite salle un élargissement, un recoin, dans le rocher. Normalement les casemates, c’est étroit, c’est comme un couloir souterrain. Alors ici, le couloir était plus large. C’était comme une petite salle.

Josette Lascaut : Vous ne savez pas davantage de cet homme ?

Legrincheux : Il avait à peu près 1,75m, plutôt costaud et il était mal rasé.

Fritz : C’est tout?

Legrincheux : Oui je crois bien.

Lascaut et Fritz : Au revoir.

Legrincheux : Au revoir.

(En sortant, ils rencontrent le psychiatre de Legrincheux. )

Lascaut et Fritz : Bonjour.

Le psychiatre : Bonjour. On m’a dit que vous étiez là. Vous êtes sans doute venus pour entendre mon diagnostic.

Fritz : Faites entendre!

Le psychiatre : Je crois, non, je suis sûr que Legrincheux est déréglé mentalement et cela depuis longtemps. Et je dirais qu’il est fixé sur Lamouche : elle lui rappelle sa femme. Mais ce n’est pas sûr qu’il ait commis le crime.

Josette Lascaut : Mais ce serait possible.

Le psychiatre : Bien sûr!

Fritz : Merci pour vos renseignements.

Josette Lascaut : Au revoir, professeur.

 

 

Scène 11

Au commissariat à Luxembourg

 

Josette Lascaut : Alors, Monsieur Fine, il paraît que vous avez eu une dispute avec Lamouche.

Tom Fine : Rien d'important !

Roland Pichet : Et pourquoi alors avez-vous démoli le lavabo et le miroir de votre suite à l'hôtel Krasnapolsky, si c'était seulement une dispute sans importance? Et pourquoi le personnel de l'étage vous aurait entendu gueuler?

Tom Fine : Oui, mais...

Raymond Zitron : Ce n'était pas grave, votre dispute. Et pourquoi Lamouche vous a viré comme manager? Pourquoi a-t-elle changé son assurance vie en votre défaveur?

Tom Fine : Bon. Eh bien oui, je lui avais piqué de l'argent, 30 000 dollars, pas grand chose, et je voulais le lui rendre. Mais elle était furieuse pour autre chose. C'est bizarre, elle m’a lancé une phrase que je n'ai toujours pas comprise. Elle a dit : " Pire que de m'avoir volé les 30 000 dollars, c'est que tu m'as tiré dans cette sale affaire. Mais vous allez voir, toi et tes sales copains." Puis elle a claqué la porte et elle est partie. Je ne l'ai plus revue et je ne pouvais plus lui demander ce qu'elle voulait dire par "sale affaire" et par "vous allez voir, toi et tes sales copains."

Josette Lascaut : Mais vous l'avez revue au Café de Paris ?

Tom Fine : Elle a boudé et je ne pouvais plus lui parler sérieusement. Plus tard elle était morte.

Josette Lascaut : Mais vous étiez aussi au Royal?

Tom Fine : Oui, je l'ai attendue pendant presque deux heures au bar. Puis, je l'ai attendue en face de l'hôtel, sur le boulevard. Quand elle est enfin sortie, je l’ai suivie de loin.

Raymond Zitron : De loin ?

Tom Fine : J'avais peur qu'elle ne rentre tout de suite à l'hôtel si elle me voyait. Quand elle s'est assise à la terrasse, j'ai pris place à sa table. Elle était furieuse de me voir là. D'abord elle m'a boudé. Elle ne m'a pas parlé. Quand j'ai commencé par m'excuser, elle n'a rien voulu savoir. Quand je lui ai dit que je lui rembourserais les 30 000 dollars, elle a sursauté, furibonde, et elle m'a lancé sa lettre de démission. J’y ai jeté un coup d'oeil. Puis je lui ai claqué la lettre sur la table. Et puis elle s'en est allée.

Roland Pichet : Et vous ? Qu’est-ce que vous avez fait ?

Tom Fine : Oh ! Pour commencer, j'ai payé l'addition, la mienne et la sienne, parce qu’elle était partie sans payer. Ensuite, je me suis excusé auprès du client de la table d'à côté, car Suzanne lui avait renversé le café sur le pantalon.

Raymond Zitron : Est-ce que vous avez suivi Lamouche dans les casemates?

 Tom Fine : Oui, je l’ai suivie. J’ai pris un billet d’entrée, je suis même entré à l’intérieur. Mais puisqu’il y avait trop de monde, je suis ressorti aussitôt. Je voulais lui parler tranquillement, le soir, à l’hôtel. Si seulement j’étais resté, elle serait toujours en vie. Demandez à la caissière si vous ne me croyez pas !

Roland Pichet : Bon, ce sera tout pour l’instant. Je vous fais raccompagner, Monsieur Fine.

(Il ouvre la porte et appelle un agent. Juste avant que Fine ne sorte :)

Josette Lascaut : Monsieur Fine, encore une question : Qu’est-ce que Mademoiselle Lamouche portait sur elle ?

Tom Fine : Oh, je crois qu’elle avait une petite sacoche chic et un sac en toile.

Roland Pichet : Et qu’est-ce qu’il y avait dedans ?

Tom Fine : Je ne sais pas. Peut-être des achats, son porte-monnaie, son rouge à lèvres ; ses affaires personnelles, je ne sais pas, moi.

Josette Lascaut : Aviez-vous l’impression qu’il y avait quelque chose de lourd dans le sac en toile ?

Tom Fine : Oui, à mon avis, oui. Oui, car elle avait cogné la jambe de la dame de la table voisine avec son sac, et ça lui a fait un bleu; c’est donc qu’il y avait quelque chose de lourd dans son sac.

Roland Pichet : Bon. Monsieur l’agent, vous pouvez y aller.

Tom Fine : J’espère que vous avez compris que ce n’était pas moi.

Roland Pichet : On verra. (Ils sortent)

Josette Lascaut : Pichet, voilà la photo de Fine. Demande à la caissière des casemates, si Fine est ressorti tout de suite comme il le prétend. Filez ! Vite !

Raymond Zitron : Tiens, voilà un fax de Fritz de Metz. C’est le protocole de l’interrogatoire mené par la police de Brest, en Bretagne, avec l’ex-femme de Hubert Legrincheux. Selon elle, la mère de Hubert Legrincheux serait morte à sa naissance, et son père aurait passé une bonne partie de sa vie en psychiatrie. Legrincheux a été élevé par ses grands-parents. Il n’aurait jamais eu d’amis. Ensuite il aurait rencontré sa femme Catherine. Mariage, enfant, une fille, divorce parcequ’il était devenu insupportable : il a brutalisé sa femme et sa fille, etc.

Josette Lascaut : Oui, drôle de type, un peu fou, déçu par la vie, seul, brutal. Mais est-ce bien lui le meurtrier? Ou bien est-ce Fine ou encore une troisième personne? D'un côté, ça pourrait être Fine: Il a tout perdu, Lamouche, son amant, son poste de manager, l'assurance vie, et il aurait dû rembourser les 30 000 dollars. D'un autre côté, ça pourrait être Legrincheux, car les analyses ont montré que le sang sur la cravate et le pantalon de Legrincheux était identique au sang de Lamouche. Mais la version de Legrincheux peut être la bonne aussi: Il a bien pu s'agenouiller à côté de Lamouche déjà morte et tremper sa cravate dans son sang. Mais dans ce cas-là, qui est l'assassin ? Ça ne peut être qu'une troisième personne. Est-ce que ça pourrait être un trafiquant de drogues? Pensez aux traces de cocaïne trouvées dans la valise de Lamouche. Et puis, que signifie la phrase que Lamouche avait lancée à Fine " Pire que de m'avoir volé les 30 000 dollars, c'est que tu m'as tiré dans cette sale affaire. Mais vous allez voir, toi et tes sales copains " Est-ce que "cette sale affaire" était une affaire de drogues? Est-ce que Fine et "ses sales copains" étaient mêlés à cette affaire de drogues? Pourquoi est-ce que Lamouche les menace? Est-ce qu'on a peut-être profité de Lamouche pour transporter la cocaïne des USA vers l'Europe sans qu’elle ne le sache. Etait-elle la victime d’un coup monté ou bien avait-elle monté le coup elle même? Est-ce qu'elle avait déjà découvert la cocaïne dans sa valise quand elle est descendue au Krasnapolsky? Etait-elle furieuse parce qu'on avait profité d'elle? Connaissait-elle l'identité des trafiquants? Est-ce qu'elle faisait du chantage sur eux?

Roland Pichet : Mais pourquoi l'a-t-on tuée?

Raymond Zitron : Elle leur a peut-être piqué la drogue.

Roland Pichet : Cela n'est pas possible: S'ils l'avaient tuée, ils n'auraient plus revu la cocaïne.

Josette Lascaut : Peut-être qu'elle voulait prendre sa petite revanche et ne leur rendre la cocaïne que contre une grosse somme d'argent ?

Roland Pichet : Ah! je pige, maintenant!

Raymond Zitron : Tiens, Pichet pige !

Josette Lascaut : Qu'est-ce que vous pigez, Pichet ?

Roland Pichet : L'assassin tue Lamouche au moment où elle lui remet la cocaïne pour ne pas devoir la payer, et parce que elle connaît son identité.

Josette Lascaut : Génial, Pichet. Seulement voilà: Il faut trouver des preuves.

 

[Tom Fine]

 

Scène 12

Au commissariat à Metz

 

(Lascaut est venue faire des achats à Metz . Elle en profite pour rendre visite à Monsieur Fritz.)

Josette Lascaut : Salut, Monsieur Fritz.

Fritz : Ah! bonjour Madame Lascaut. Quelle surprise! Qu'est-ce qui vous amène?

Josette Lascaut : Boff, je suis venue faire des achats, alors j'en ai profité pour vous rendre visite.

Fritz : Vous voulez une tasse de café ?

Josette Lascaut : Oui, volontiers.

Fritz : Où en êtes-vous avec le meurtre de Mademoiselle Lamouche ?

Josette Lascaut : Je crois que nous avons un autre suspect et peut-être même une troisième piste: Une affaire de drogues, mais ce n´est pas sûr.

Fritz : Vous avez un autre suspect à part Legrincheux ?

Josette Lascaut : Oui, un certain Tom Fine, son amant et manager. Le motif: Une affaire d´argent et une suite de disputes. Et qu’est-ce qu'il dit, Legrincheux ?

Fritz : Boff, Legrincheux est toujours en psychiatrie.

Josette Lascaut : Oui, il est en psychiatrie. Mais qu’est-ce qu’il dit ?

Fritz : Un jour, il avoue avoir tué Lamouche, un autre jour, il nie tout.

Josette Lascaut : Mais, de toute façon, tant qu’il est en psychiatrie, ses dépositions sont sans valeur.

Fritz : C’est juste! Le médecin dit qu’il est dépressif et qu’il a peur qu’il essaie encore une fois de se suicider.

Josette Lascaut : Et quel est l’avis du médecin ?

Fritz : Il n’est toujours pas sûr que Legrincheux soit l’assassin de Lamouche, mais il ne peut non plus l’exclure.

Josette Lascaut : J’ai des photos d’un Japonais. Vous pourriez les montrer à Legrincheux. Peut-être qu’il pourra nous fournir des renseignements supplémentaires.

Fritz : Je lui ai parlé trois fois, jusqu’à présent. Et chaque fois il m’a raconté la même chose: qu’il avait suivi Lamouche dans les casemates pour lui parler, qu’il l’avait touché à l’épaule et qu’elle l’avait renvoyé farouchement. Alors il s’est éloigné d’elle. Puis il serait revenu pour s’excuser. C’est alors qu’il avait heurté un type – cheveux longs, moustaches tombantes, costaud - qui venait de là où se trouvait Lamouche. Puis seulement il aurait trouvé Lamouche morte. Alors il se serait agenouillé à côté d’elle, sa cravate aurait trempé dans le sang. Et là-dessus il aurait pris la fuite. Vous connaissez l’histoire.

Josette Lascaut : Voilà! Demandez-lui s’il reconnaît quelqu’un sur les photos du Japonais qui ressemble à ce type et vous me le faites savoir. Je pourrais téléphoner ?

Fritz : Bien sûr !

Josette Lascaut : Allô ! Zitron ? C’est Lascaut à l’appareil, je voulais vous dire : Mettez-vous en contact avec tous les témoins pour leur demander s’ils n’ont pas fait eux aussi des photos ou tourné un film. C’est pour trouver une trace de ce personnage mystérieux dont parle Legrincheux tout le temps. Nous devons savoir s’il existe.

 

 

Scène 13

Au commissariat à Luxembourg

 

Josette Lascaut : Hier, j’étais à Metz. J’en ai profité pour rendre visite à Fritz. Legrincheux est toujours en psychiatrie; un jour, il avoue avoir tué Lamouche, le lendemain il nie tout. De toute façon, tant qu’il est en psychiatrie, ses dépositions sont sans valeur. Il est dépressif. Le médecin a peur qu’il essaie encore une fois de se suicider. Il n‘est pas sûr que Legrincheux soit l’assassin de Lamouche, mais il ne peut pas l‘exclure non plus. Legrincheux répète tout le temps que, quand il est retourné, c’était seulement pour s’excuser, et non pour la tuer; qu’elle était déjà morte quand il s’est agenouillé à côté d’elle. Puis il a pris la fuite, et alors il a bousculé un homme aux cheveux longs et aux moustaches tombantes.

Josette Lascaut :(On frappe à la porte.) Entrez !

Roland Pichet : (Un agent accompagne Fine.) Prenez place!

Josette Lascaut : Monsieur Fine, vous savez qu‘on vous suspecte d‘avoir tué Melle Lamouche, mais le parquet vous accuse à présent aussi de trafic de drogues.

Tom Fine : Quoi? Mais, c‘est une honte ça, je n‘ai jamais …

Josette Lascaut : Calmez-vous Monsieur, nous sommes là pour rechercher dans toutes les directions, nous pouvons trouver des preuves, qui pourraient être à votre charge ou à votre décharge. C‘est un fait: Nous avons trouvé des traces de drogue dans une des valises de Lamouche. Et vous auriez pu la transporter. Est-ce que la drogue était une raison de votre dispute?

Tom Fine : Non, je vous ai déjà expliqué la raison de notre dispute! … Mais je vous avoue: Cette phrase qu‘elle m‘a lancée: „Pire que de m‘avoir volé 30 000 dollars, c‘est que tu m‘as tirée dans cette sale affaire. Mais vous allez voir, toi et tes sales copains." … Cette phrase me fait réfléchir. Peut-être qu‘elle a cru que c‘est moi, qui ai transporté la drogue dans sa valise. Si elle a pensé cela, c‘est qu‘elle avait déjà trouvé la drogue à Amsterdam. Mais moi, je n‘y suis pour rien … peut-être qu‘elle a voulu garder la drogue et qu‘elle s‘est fait tuer pour ça?

Raymond Zitron : Allez, Monsieur Fine, vous voulez nous raconter des histoires?

Josette Lascaut : Excusez-moi Monsieur Fine, je dois réfléchir. Est-ce que vous pourriez nous laisser seuls? Agent, emmenez Monsieur Fine.

Tom Fine : Bien sûr, mais vous devez savoir, que je n‘ai pas tué Suzanne! (Fine quitte le bureau.)

Josette Lascaut : Peut-être qu‘il a raison. J‘avais la même idée. Il faut réexaminer le cambriolage dans la suite de Lamouche. J‘ai l‘impression qu‘on a été négligeant lors de notre première enquête au Royal.

Josette Lascaut : (Elle décroche le téléphone:) Allô, Hôtel Royal ?…Oui c‘est Josette Lascaut, le commissaire de la police judiciaire. Est-ce que vous pourriez rassembler tout le personnel, de service le jour du cambriolage, et qui a pu entrer en contact avec Lamouche. … Nous viendrons vous rendre visite, cet après midi, disons à 16 heures. (Elle raccroche et aux agents:) Après, nous rendrons visite à maître Pierre-Henri Lefranc. Il faut suivre toutes les pistes.

 

 

Scène 14

À l’Hôtel Royal

 

Manager : Bonjour Madame Lascaut, voici le réceptionniste, Antoni Blanco, de service le jour en question; et voici la femme de ménage, Madame Marguerida Hennes, qui a découvert le cambriolage.

Josette Lascaut : Bonjour, c'est donc à propos du cambriolage de la suite de Suzanne Lamouche que je voudrais vous parler. J’aurais quelques questions à vous poser. Commençons par le début. Qui est venu voir Mademoiselle Lamouche le jour du cambriolage?

Antoni Blanco : Tout d'abord il y avait un américain. Il voulait savoir si Lamouche logeait chez nous, mais on ne lui a fourni aucun renseignement. Il a pris place au bar. Il y est resté pendant au moins une heure et il a bu plusieurs verres de whisky.

Roland Pichet : Il attendait sûrement.

Antoni Blanco : Oui, il me semble. Je l’ai gardé à l’œil. Ensuite Maître Lefranc est venu et m'a demandé, s'il pouvait louer la petite salle de conférence pour une heure ou deux. Quand nous avions réglé les formalités de la réservation, il m'a demandé de prévenir Mademoiselle Lamouche, qu’il l'attendait dans la salle de conférence. C’est ce que j’ai fait. Puis il m'a demandé de conduire Mademoiselle Lamouche dans la salle de conférence et de la prier de l’attendre là. Il reviendrait tout de suite. Ensuite il est allé aux toilettes.

Raymond Zitron : Il s'est dirigé vers le WC ou vers l'ascenseur ?

Antoni Blanco : Le WC, enfin, je crois. Mais après il a tout aussi bien pu prendre l'ascenseur sans que je ne le remarque.

Josette Lascaut : Est-ce que vous l'avez vu prendre l'ascenseur?

Antoni Blanco : Pas vraiment, non!

Roland Pichet : Vous l'avez vu entrer dans les toilettes?

Antoni Blanco : A vrai dire, non plus. Je l'ai juste vu se diriger en direction des

toilettes et de l'ascenseur, puisqu'ils se trouvent dans le même coin. Voyez !

Josette Lascaut : Mademoiselle Lamouche a-t-elle dû attendre longtemps?

Antoni Blanco : Oui, assez longtemps! Dites: Vous me posez tant de questions sur Maître Lefranc, vous croyez que c'est Maître Lefranc qui ... ?

Raymond Zitron : On ne croit rien, on pose juste des questions. Vous savez, on est là pour poursuivre toutes les pistes. Une enquête c'est fait pour trouver des preuves à charge ou à décharge de quelqu'un.

Josette Lascaut : Fine aurait-il pu monter et revenir sans être vu?

Antoni Blanco : Possible!

Raymond Zitron : Qui a découvert le cambriolage? C’est vous, Madame ?

Antoni Blanco : Oui, c’est la femme de ménage, Margerida Hennes.

Roland Pichet : Quand exactement avez-vous constaté le cambriolage, Madame?

Margerida Hennes:Vers 16 heures et demie, ou, attendez ...

Antoni Blanco : 16:35 heures, précis! Voilà la fiche de réclamation. Il y est marqué 16:35 heures.

Margerida Hennes: La porte avait été forcée. J'ai jeté un coup d'oeil dans l'appartement, quand j'ai vu ce qui s'est passé, j'ai poussé un cri, puis je suis descendue et j'ai annoncé le cambriolage à la réception.

Raymond Zitron : Quand est-ce que Maître Lefranc est venu à l'hôtel?

Antoni Blanco : À 16:19 heures!

Roland Pichet : Vous êtes sûr?

Antoni Blanco : Oui, sûr, c'est écrit sur l'affiche de la réservation de la salle de conférence.

Josette Lascaut: Où était-il au moment précis du cambriolage?

Antoni Blanco : Eh bien, Madame Hennes est descendue me prévenir, qu'il y avait eu un cambriolage. À ce moment précis, Mademoiselle Lamouche est venue et a demandé: "Quand est-ce qu'il vient, Maître Lefranc?" C'est alors qu'on entendait sa voix qui venait de la direction des WC et qui disait: "Me voilà, me voilà!"

Roland Pichet : WC ou ascenseur?

Antoni Blanco : Je ne suis pas sûr!

Josette Lascaut : Merci de nous avoir aidés. Au revoir, et si quelque chose vous revient à l'esprit, appelez-nous!

 

 

Scène 15

Dans le bureau de Maître Lefranc

 

Josette Lascaut : (À la secrétaire, Melle Marjorie Lippen) Bonjour, police judiciaire. Nous voudrions parler à Maître Lefranc, s‘il vous plaît.

Marjorie Lippen : Un moment s’il vous plaît, je vous annonce. (Elle frappe à la porte.)

Marjorie Lippen : Monsieur, la police veut vous voir.

Maître Lefranc : Oui, faites entrer! (Ils entrent)

Josette Lascaut : Bonjour, nous sommes de la police. Permettez que je vous présente: Monsieur Pichet et Monsieur Zitron, mes adjoints.

Roland Pichet : Et Madame le commissaire, Josette Lascaut.

Maître Lefranc : Bonjour! Prenez place.

Raymond Zitron : Nous venons à propos de Suzanne Lamouche. Nous essayons de reconstituer le dernier jour de sa vie.

Roland Pichet : Nous nous sommes renseignés et nous avons découvert que vous êtes un des derniers témoins à l‘avoir vue à l’hôtel Royal.

Josette Lascaut : Racontez-nous ce que vous y avez fait.

Maître Lefranc : Eh bien, j’avais rendez-vous avec Mademoiselle Lamouche. J’avais loué une salle de conférence à la réception. Ensuite, je suis allé dans la salle et je l’ai attendue jusqu’à ce qu’elle vienne.

Raymond Zitron : Pourquoi vouliez-vous voir Mademoiselle Lamouche?

Maître Lefranc : J’y suis allé pour dresser un contrat.

Josette Lascaut : Combien de temps l’avez-vous attendue dans la salle?

Maître Lefranc : Quelques minutes.

Roland Pichet : Vous êtes sûr?

Maître Lefranc : Oh, oui. Je me souviens. Je l’ai attendue environ dix minutes.

Raymond Zitron : Bon, c’est tout ce que nous voulions savoir, merci de votre collaboration, au revoir!

 

 

Scène 16

Dans le bureau de Maître Lefranc

 

(Un peu plus tard. Le téléphone sonne.)

Maître Lefranc : Maître Lefranc, bonjour! … Lechat??? ... Hallô? … (Il secoue le cable du téléphone.) Attendez un moment! J’ai un mauvais contact. Je vais mettre le "speakerphone". (Lefranc se rend vers la porte de son bureau. Il l’ouvre disant à Marjorie Lippen, sa secrétaire:) Je ne veux pas être dérangé. Par personne, vous entendez ! (Il ferme la porte du bureau. Il enclenche le speakerphone et prend place.) Lechat, d’où connaissez-vous mon identité?

Lechat : Peu importe! Alors Maître Lefranc, ainsi vous êtes avocat et trafiquant de drogues à la fois. C’est du propre!

Maître Lefranc : Je vous ai dit de...

Lechat : Je sais ce que vous m’avez dit. J’ai tout fait selon vos ordres, mais Lamouche était plus maligne que vous ne l’aviez cru. Elle avait une lampe à rayons U.V. et elle a détecté que les billets étaient faux. Il ne fallait pas faire ça, Maître Lefranc. Vous auriez dû lui donner l’argent qu’elle exigeait de vous. Vous avez bien profité d’elle pour transporter la drogue. C’est logique qu’elle ait exigé sa part du gâteau.

Maître Lefranc : Croyez-vous que je lui aurais laissé une telle somme? Mais pourquoi l’avez-vous tuée?

Lechat : Elle m’a fait une scène. Elle voulait me donner à la police parce que vous lui aviez donné des faux billets. Alors moi, je l’ai dû la poignarder, parce qu’elle m’aurait reconnu. Puis j’ai pris la cocaïne, et je me suis enfui. Un peu plus tard j’ai ramené le coffret avec les faux billets et la cocaïne là où vous savez.

Maître Lefranc : Pourquoi est-ce que vous m’appelez, Lechat? Je vous ai bien payé, non?

Lechat : Ha, ha, ha! Vous me faites rire. 500 000 francs pour un homme comme vous, ça ne suffit pas. Je veux cinq millions.

Maître Lefranc : Cinq millions? Vous êtes dingue?

Lechat : Et je vous conseille de me les donner, parce que je connais votre identité!

Maître Lefranc : Ce n’est pas moi qui ai commis le meurtre. Ne l’oubliez-pas, Lechat!

Lechat : Oui mais, vous êtes celui qui a une bonne réputation à perdre! Et vous devriez aller en prison pour trafic de drogues. Fini la bonne réputation. Imaginez un peu les titres dans les journaux: "Avocat, trafiquant de drogues", "Maître Lefranc commanditaire d’un meurtre".

Maître Lefranc : Je ne vous ai jamais dit de tuer Lamouche. Et puis : Vous n’avez pas de preuve contre moi. Vous par contre, vous avez déjà été en prison. Vous savez, quand j’ai cherché quelqu’un pour faire ce travail, je n’ai pas pris n’importe qui: Je me suis renseigné. Je suis bien placé pour le faire. Vous êtes un criminel et vous avez de grosses dettes. Vous avez joué au Casino 2000 à Mondorf et au Casino Schlossberg et vous avez tout perdu.

Lechat : Vous avez tort de croire que j’ai tout perdu. Je vous ai vous. Et vous allez me sortir de là. Dommage que j’ai réussi à vous identifier, n’est-ce pas?

Maître Lefranc : Comment vous avez fait?

Lechat : Votre idée avec l’asile pour animaux n’était pas bête. La niche de Sussy est une bonne planque pour la drogue et pour l’argent. Et les gens de l’asile ne vous soupçonnent pas de trafic de drogues quand vous venez promener leurs chiens. Tout le monde vous prend pour un ami des animaux. Personne ne pense que Maître Lefranc est un criminel.

Maître Lefranc : Oui, je sais, mais comment ...?

Lechat : Comment je sais qui vous êtes? Eh bien, je vous ai photografié quand vous avez sorti de la case de Sussy le paquet avec les drogues et le coffret avec les faux billets. Je vous ai photografié quand vous êtes monté dans votre voiture. Puis je vous ai poursuivi jusqu’à ce que je sache où vous travaillez et où vous habitez. J’ai même photografié vos enfants et votre belle femme. Dommage si vous devriez aller en prison, n’est-ce pas ? Votre famille serait toute seule et sans argent. Si vous me donnez par contre les cinq millions, la police ne saura rien.

Maître Lefranc :

 

 

Scène 17

Au commissariat

 

Raymond Zitron : Pichet venez, on va regarder les films vidéo et les photos que les touristes nous ont fournis.

Roland Pichet : On va commencer par cette cassette-ci.

Raymond Zitron : D‘accord. (Pichet et Zitron visionnent le film.)

Raymond Zitron : Stop! Revenez un peu en arrière. Il va falloir que Legrincheux nous le confirme mais je crois que c‘est bien lui, notre homme. Je crois que c‘est lui. Quelle chance!

Roland Pichet : Oui, c‘est vrai, c’est lui. Longs cheveux noirs, moustaches tombantes et plutôt costaud.

Raymond Zitron : Je vais copier l’image sur l’ordinateur et faire un e-mail à Fritz.

Roland Pichet : Bonne idée, très bonne idée. Dites, si on allait manger quelque chose. J’ai faim.

Raymond Zitron : C’est justement ce que j’allais vous proposer. Mais je vais encore finir mon e-mail. Comme ça, on aura peut-être la réponse de Fritz au cours de l‘après-midi.

Roland Pichet : D’accord. Dites, vous ne croyez pas que Maître Lefranc …

Raymond Zitron : Il nous cache quelque chose. Il y a contradiction entre sa déposition et celle du réceptionniste du Royal. Lefranc prétend avoir attendu Lamouche alors que le réceptionniste nous dit que c‘est Lamouche qui a attendu Lefranc.

Roland Pichet : Donc Lefranc aurait bien pu faire intrusion dans l‘appartement de Lamouche. J‘ai fini. Allez, à la bouffe!

 

( L‘après-midi du même jour; au commissarait; le téléphone sonne.)

 

Raymond Zitron : Allô, bureau du commissaire Josette Lascaut. … Bonjour. Commissaire Fritz? Ah, Bonjour. Vous avez des nouvelles? … Vous êtes des rapides alors … Legrincheux l‘a reconnu? … Formidable … Il va falloir l‘identifier, ce ne sera pas simple … Merci … Nous aurons certainement l‘occasion de nous revancher ... au revoir et merci encore une fois. (Il raccroche.)

Roland Pichet : Qu‘est-ce qu‘il a dit?

Raymond Zitron : C‘est Fritz, il a dit que Legrincheux l‘a reconnu.

Roland Pichet : Je vais consulter la base de données d‘ EUROPOL pour voir si ce type est fiché.

Raymond Zitron : Bonne idée. (Il cherche dans la base de donnée.)

Roland Pichet : Il l‘ai trouvé. Il était déjà accusé de vol, de coups et blessures. Il est brutal. Il était déjà emprisonné à Coblence. Voilà son casier:

 

 

Casier

no. d’identification : 410217-F-57/3875

nom : Lechat

prénoms : Jean-Jacques

date de naissance : 29.9.1963

lieu de naissance: Kaiserslautern , Allemagne

adresse : Trèves, 117, route de Luxembourg

profession : garagiste

nom+prénom du père : Lechat, André

nom+prénom de la mère : Manoit, Marie-Paulette Jeanette

nom du conjoint : Marie Knittelhopf

photo: [visionner]

 

Condamnations

dates : 25.8.1985, 18.12.1989, 4.5.1990

instance : Erste Strafkammer Koblenz

nature de l’infraction : coups et blessures, voles de voitures, vol de sacs à main armée

condamné à : 5 mois avec sursis, 2 ans, 2 ans et demi

 

Raymond Zitron : Je vais contacter la police de Trèves. (Il compose le numéro de téléphone.) Bonjour ... Je suis un des collaborateurs du commissaire Lascaut de Luxembourg … Je voulais demander si vous ne pouviez pas demander un mandat de perquisition et un mandat d‘arrêt pour demain après-midi contre un certain Lechat … Je vous ferai un fax avec tous les détails … Voilà … c‘est ça. … Merci beaucoup et au revoir, commissaire Pallü.

 

 

Scène 18

Devant le garage de Lechat à Trèves

  

Josette Lascaut : On se voit plus tôt que prévu. Qu‘est-ce qui s’est passé?

Heiko Pallü : Quelqu’un a essayé de tuer Monsieur Lechat, en faisant tomber le pont sur lui.

Josette Lascaut : A-t-il survécu?

Heiko Pallü : Oui. Il est grièvement blessé, mais il survivra. On a trouvé quelques témoins de l’attentat.

Josette Lascaut : Présentez-moi ces témoins, si vous voulez bien...

Heiko Pallü : Voici Monsieur Wolfgang Klein et Monsieur Peter Ungeheuer. (En s‘adressant à ces messieurs:) Et voici Madame le commissaire Josette Lascaut de Luxembourg. Racontez à Madame ce que vous avez vu!

Peter Ungeheuer: J’ai vu une grosse voiture partir en catastrophe. Elle a renversé ces poubelles. Elle est immatriculée en France. Voilà, j’ai noté le numéro: 8872 LX 57. Le conducteur a failli me renverser aussi.

Josette Lascaut : Ce sont des informations très intéressantes. Et vous, Monsieur, qu‘est-ce que vous avez vu?

Wolfgang Klein: C’est moi qui ai trouvé Monsieur Lechat écrasé sous la voiture. Horrible! Quelqu’un a dû baisser le pont, alors que Monsieur Lechat était couché sous la voiture. Je suis un bon client de Monsieur Lechat. Je venais chercher ma voiture, que je lui avais laissée pour faire une révision.

Raymond Zitron : (Arrivant en courant.) Madame Lascaut, Madame Lascaut! Regardez ce que j’ai trouvé dans le bureau de Lechat …

Josette Lascaut : (En regardant sur les photos.) Ah !!! Très intéressant, des photos sur lesquels il y a Lefranc, à l’asile des animaux à Luxembourg-Gasperich sortant un paquet et un coffret d‘une cage de chien. Il a l‘air méfiant sur c‘est photos, comme s‘il voulait s‘assurer qu‘on ne l‘observe pas. Il faut trouver ce paquet et ce coffret.

Roland Pichet : Maintenant, je commence à voir clair. Notre honorable Maître Lefranc est un trafiquant de drogues. Peut-être que Lefranc a voulu tuer Lechat à cause d’une affaire de drogues.

Josette Lascaut : Plutôt à cause d’une affaire de chantage: Lefranc a commis une erreur: Lechat a réussi à connaître son identité. Et il a voulu faire du chantage sur lui. C’est pour ça que Lefranc a essayé de tuer Lechat. Demain il faudra arrêter Lefranc à son travail, à Luxembourg. Je dis bien à Luxembourg, pas à son domicile privé à Angevillers en France. Zitron, mettez nos collègues de la police des drogues et des finances au courant. Il faut qu‘ils fouillent son bureau. Et quand on aura arrêté Lefranc, avertissez aussi Fritz pour que l’on fouille aussi la maison de Lefranc, en France.

Roland Pichet : Madame Lascaut, regardez ce qu’ont trouvé les agents de Monsieur Pallü. Un couteau à lame éjectable. On trouvera certainement des traces de sang de Lamouche à l‘intérieur du manche. On a trouvé aussi les habits que Lechat portait le jour de l’assassinat de Lamouche. Ce sont les mêmes que sur le film. Nos spécialistes y vont certainement détecter des traces de sang.

Josette Lascaut : Excellent travail.

 

 

Scène 19

Commissariat de police à Luxembourg

 

(Un agent frappe à la porte du commissariat et entre avec Lefranc.)

Josette Lascaut : Prenez place, Maître Lefranc! ( Un moment de silence.) Vous êtes accusé de meurtre et de trafic de drogues.

Maître Lefranc : Mais, Madame le commissaire, vous ne pensez tout de même pas que ...

Josette Lascaut : Écoutez, Maître Lefranc, vous avez fait une déposition sur votre emploi du temps à l’Hôtel Royal. Et cette déposition dit tout à fait le contraire de celle du portier de cet hôtel. Il dit que Lamouche a dû vous attendre vous, et que ce n’était pas l’inverse, comme vous l’aviez prétendu.

Maître Lefranc : Est-ce que quelqu’un m’a vu entrer dans sa chambre?

Josette Lascaut : Non, mais le portier vous a vu aller en direction de l’ascenseur.

Maître Lefranc : Est-ce qu’il a aussi vu que je suis monté dans l’ascenseur?

Josette Lascaut : (Fait non de la tête.)

Maître Lefranc : Ah bon! Mais vous voyez, je suis allé aux toilettes!

Josette Lascaut : Laissez-moi continuer! Connaissez-vous un certain Lechat, Jean-Jacques Lechat, de Trèves?

Maître Lefranc : Non, pas que je sache!

Josette Lascaut : Et pourquoi alors est-ce que Lechat a fait des photos de vous quand vous étiez à l’asile des animaux à Gasperich?

Maître Lefranc : Peut-être que je suis juste sur une photo par hasard. Je ne connais pas ce monsieur.

Josette Lascaut : Écoutez, Maître Lefranc ! Vous n’êtes pas sur une photo, vous êtes sur une trentaine de photos. Et ces photos, étaient enfermées à la gare de Trèves dans un safe. Et sur ces photos, vous portez un paquet et un coffret ! Maître, dites-nous: Qu‘est-ce qu’il y avait dans le paquet et dans le coffret?

Maître Lefranc : Mais, Madame, il y avait de la nourriture pour chiens dedans.

Josette Lascaut : Vous savez ce que je crois? Je crois que l’asile des animaux est un carrefour pour trafiquants drogues: Vous y apportez l’argent et vos collaborateurs viennent y enlever la drogue.

Maître Lefranc : Mais, Madame le commissaire, c’est de la fantaisie, vous délirez: Vous ne pouvez pas baser votre accusation sur quelques photos. Vous le savez bien. J’aime les chiens, je préfère d’ailleurs Sussy. C’est une chienne. Mignonne, vous ne pouvez pas savoir! RTL fait tous les trois jours une émission sur les chiens. Vous le savez bien, mais, ce que vous ne savez pas, c’est que RTL soutient beaucoup d’associations de protection d’animaux. Je suis membre d’un de ces comités. Tous le soirs, avant de rentrer à la maison, je vais faire un tour avec Sussy pour me détendre du stress de la maison et du bureau.

Josette Lascaut : Vous ne le savez peut-être pas encore, mais des spécialistes de la police des finances et des drogues sont en train de fouiller votre bureau et votre maison privée. Ils vont trouver des traces de vos mouvements d’argent. Nous allons vous prouver que ...

Maître Lefranc : … que quoi ?

Josette Lascaut : ... que vous avez transféré de l’argent à l’étranger, en Colombie, par exemple. Nous allons connaître vos partenaires d’affaires et nous allons aussi vous prouver que vous avez engagé Lechat pour le sale boulot, et …

Maître Lefranc : Comment voulez -vous savoir?

Josette Lascaut : Vous avez donné l’ordre à Lechat de tuer Lamouche parce que Lamouche avait découvert vos machinations. Elle voulait sa part du gâteau. Voilà, c’est simple. Combien a-t-elle exigé, hein?

Maître Lefranc : Mais vous n’avez pas de preuves.

Josette Lascaut : Si. Lechat. Il avait découvert votre identité, n’est-ce pas ? Alors vous avez dû le liquider ! Mais ça ne vous a pas réussi : Lechat n’est pas mort, mon cher !

 

 

 

Scène 20

Au commissariat de police

 

(Deux jours plus tard.)

Josette Lascaut : Maître Lefranc, nous avons trouvé les preuves nécessaires dans votre comptabilité : des virements, des grosses sommes payées aux noms de trafiquants de drogues connus par les polices un peu partout en Europe. Vous voulez que je vous cite quelques uns de vos partenaires: Monsieur Haferstein à Hambourg, Monsieur Rodrigues à Marseille, Madame Lancia-Araujio-Da Quintas-De Jesus à Coïmbra, tous des maffieux bien connus contre qui la police n‘a pas encore de preuves suffisantes? Vous voulez que je vous en énumère encore d’autres?

Maître Lefranc : ...

Josette Lascaut : Monsieur Bostoläuka à Copenhague, Mister Jhon Lathling à Birmingham, Monsieur Franco Lorenzini à Rome. Je continue?

Maître Lefranc :

Josette Lascaut : Nous avons trouvé des traces de cocaïne microscopiques dans votre bureau, tiroir gauche en bas, chez vous, dans votre maison privée, au garage, dans l’armoire en bois, fermée à clé. Maître Lefranc, je vous accuse de trafic de drogues et de meurtre.

Maître Lefranc : Mais je n‘ai pas …

Josette Lascaut : Vous avez ordonné à Lechat de tuer Lamouche.

Maître Lefranc : Non, ça ne s’est pas passé comme vous le croyez. On avait caché la drogue dans une des valises de Lamouche pour qu’elle transporte la cocaïne jusqu’en Europe, à Amsterdam plus précisément ...

Josette Lascaut : On, ce sont vos partenaires en Amérique?

Maître Lefranc : C’est ça, mais Lamouche avait découvert la drogue et quand mes hommes voulaient la reprendre à l’hôtel Krasnapolsky, elle n’était plus là. Alors j’étais obligé de lui téléphoner, sans révéler mon identité évidemment, pour exiger qu’elle nous rende la cocaïne. Le problème était, qu'elle exigeait cinq millions. Sur cela, je suis allé au Royal, où elle logeait entretemps. À la réception, j’ai réservé la petite salle de conférence, j’ai fait appeler Lamouche, puis quand elle était descendue, je me suis introduit dans sa suite pour chercher la cocaïne dans ses valises. Malheureusement on m’a dérangé, alors je suis redescendu dans la salle de conférence. Parallèlement, j’avais déjà engagé Lechat pour récupérer la cocaïne. Il devait lui donner l’argent et récupérer la drogue pour le cas où j’échouais à l’hôtel.

Josette Lascaut : De l’argent vrai ou faux ?

Maître Lefranc : Faux, des photocopies en couleur!

Josette Lascaut : Et non pas de la nourriture pour chiens comme vous l’avez prétendu.

Maître Lefranc : Mais Lamouche a découvert les faux billets avec une lampe à rayons U.V. Alors Lechat l’a tué. Mais je ne lui avait pas donné l’ordre. Il avait peur qu’il se ferait reconnaître plus tard.

Josette Lascaut : Ce n’est pas de ce meurtre-là que je voulais vous accuser !

Maître Lefranc : Mais ?

Josette Lascaut : C’est de la tentative de meurtre sur la personne de Lechat.

Maître Lefranc : Prouvez-le-moi !

Josette Lascaut : On a la déposition de Lechat. Vous savez, il n’a plus rien à perdre. Il a tout avoué. Il avait réussi à découvrir votre identité et il faisait pression sur vous : Si vous ne lui payez pas cinq millions, il révélerait votre identité à la police. Il vous tenait grâce aux photos qu‘il avait faites de vous quand vous étiez allé récupérer la drogue et l’argent à l’asile pour animaux!

Maître Lefranc : Mais, ce n’est pas la preuve que j’ai voulu tuer Lechat.

Josette Lascaut : Permettez-moi de vous confronter avec d’autres faits. Monsieur Ungeheuer, un passant très attentif, a vu partir en catastrophe, devant le garage de Lechat à Trèves, une grosse voiture, renversant des poubelles. Il y a d’ailleurs des traces de couleur aubergine sur les poubelles, la même couleur que celle de votre Audi A8! La voiture est immatriculée en France. Voilà, Monsieur Ungeheuer, un homme très attentif, comme je vous le disais, a noté le numéro de cette voiture : 8872 LX 57. Le conducteur, si pressé de démarrer de devant le garage de Lechat, et qui a presque renversé Monsieur Ungeheuer, c’était vous.

Maître Lefranc : Quelqu’un a pu voler ma voiture!

Josette Lascaut : Ecoutez, Monsieur Lefranc! Je n’ai pas encore fini.Voilà la meilleur: Lechat a fait la description de vos chaussures, celles que vous avez portées au moment où vous l’avez approché, alors qu’il était allongé sous une Renault Mégane. Peu après il n’a plus rien pu voir parce que vous lui aviez fait tomber la voiture dessus.

Maître Lefranc :

Josette Lascaut : Est-ce que ce sont vos souliers? (Elle montre des chaussures munies de boucles dorées)

Maître Lefranc :

Josette Lascaut : Nous les avons trouvées dans votre armoire, chez vous, à Angevillers. Est-ce que ce sont vos souliers, M.Lefranc?

Maître Lefranc : Oui!

Josette Lascaut : Et voyez-vous, c’est précisément cette paire de chaussures-là, munies de telles boucles dorés, que Lechat a vu juste avant que la voiture ne lui tombe dessus. Dommage que Lechat ait survécu, n’est-ce pas?